Adapter l’environnement à la diversité culturelle et sociale (1)

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Date de rédaction :
25 septembre 2014

« L’identité sociale de la personne malade (son statut), le rôle de son entourage et le contexte culturel ont un impact prépondérant sur l’évolution du tableau clinique de la maladie ainsi que sur les manifestations comportementales et psychologiques qui en découleront. Et les déficits cognitifs se trouveront renforcés et exacerbés par les obstacles nés de l’environnement physique, social et culturel », expliquent Christophe Reintjens, neuropsychologue, et Kevin Charras, docteur en psychologie environnementale, respectivement adjoint à la formation et responsable du pôle Interventions psychosociales à la Fondation Médéric Alzheimer. L’effacement progressif des événements de vie et des repères socioculturels se fait selon un gradient inversé qui n’est pas sans conséquences sociales. Ce sont les derniers souvenirs qui disparaissent en premier chez les personnes atteintes de troubles cognitifs, les traces plus anciennes étant plus résistantes. Or, exister, c’est se souvenir, et la mémoire est la bibliothèque de notre identité : le « Soi ». La prise en compte du milieu socioculturel d’origine est ainsi largement conseillée dans l’accompagnement des personnes malades, mais souvent difficile à mettre en œuvre : créer un environnement que l’on imagine être celui du passé des personnes malades risquerait de créer, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une plus grande confusion chez les résidents. On se trouverait aussi confronté à l’impossibilité éthique de fonder un accompagnement bienveillant sur un leurre » : pour les deux psychologues, « l’histoire de vie ne veut pas dire figer la personne dans sa propre histoire passée, mais admettre que sa vie continue et sera celle qu’elle choisira en fonction de ses évolutions psychologiques. Rien n’empêche d’introduire la diversité culturelle et sociale dans l’accompagnement des résidents, à partir du moment où elle ne leur porte pas préjudice socialement et si l’on tient compte des possibles évolutions de la personne, qui peut rejeter certaines habitudes de sa vie passée. Elle est même un des éléments fondateurs du projet de vie individualisé, figurant dans les priorités de la loi de 2002 concernant l’évaluation interne et externe des établissements sociaux et médico-sociaux. On peut intégrer la diversité sociale et culturelle au projet d’animation par des visites de lieux, des jeux, des spécialités culinaires, des répertoires de chant ou encore le respect de rituels spécifiques aux différentes cultures des résidents en matière de restauration ou de culte. »

Reintjens C et Charras K. Adapter l’environnement à la diversité culturelle et sociale. Animagine 87 : 10. Octobre-novembre 2014.