Presbyacousie : réhabilitation auditive (2)

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Date de rédaction :
18 mars 2015

« La première notion qui nous vient à l’esprit, est de prendre conscience de l’importance de l’oreille dans toutes les situations de la vie où l’on se trouve. L’entourage, l’environnement sonore, les bruits particuliers, la ou les personnes avec lesquelles on se trouve peuvent changer la donne », écrit Séverine Leusie. « Nous pensons qu’il est essentiel non pas de former l’entourage du sourd ou de changer son environnement en pensant lui rendre service mais bien au contraire de le conduire à s’adapter à son écologie. Pour cela, nous devons l’amener à admettre qu’il peut agir sur son audition, et lui permettre de trouver les ressources nécessaires à la création de nouveaux automatismes auditifs. En effet, il est fréquent que le presbyacousique se sente impuissant face à sa baisse d’audition. Même avec ses appareils, il est mieux mais s’il entend mieux il ne comprend pas tout pour autant. Les soignants doivent prendre conscience que le presbyacousique a besoin d’un secours pour l’aider à instaurer de nouvelles habitudes auditives par l’entraînement. C’est la raison pour laquelle, nous « exigeons » un aidant qui ne le quittera plus jusqu’à la fin de vie. Avec cet aidant, le presbyacousique a seulement besoin d’un travail intensif pendant les six premiers mois de sa prise en charge, puis d’un travail régulier et d’une surveillance dont seul l’aidant peut se charger pour vérifier si tout va bien, si l’audition ne se dégrade pas et s’il ne serait pas utile d’ajuster un réglage ou de travailler un point particulier qui achoppe depuis quelques jours… Redisons-le ce programme que nous venons de voir sera nécessaire jusqu’à la fin de la vie du presbyacousique et si l’aidant venait à manquer, il faudra en reprendre un autre avec lequel nous reprendrons tout à la base. Dans l’idéal, pour compenser une presbyacousie, il faudrait que le couple aidant-presbyacousique soit toujours opérationnel ». Le Groupe de recherche Alzheimer Presbyacousie Santé met en place un groupe dont la mission est de procurer un aidant aux presbyacousiques qui n’en ont pas. L’orthophoniste témoigne de la situation dans les maisons de retraite : « au cours de notre thèse, nous en avons croisé des malentendants, errant dans les couloirs, l’air effroyablement triste, ne parlant à personne, ignorant tout, ignorés de tous. Je considère cela comme de la maltraitance mais je comprends que, ne sachant quoi faire, on en soit arrivé là. Dès qu’on discute du problème avec les responsables de ces établissements, on obtient des résultats rapides et spectaculaires. Pour nous, c’est la meilleure façon de se convaincre que la solution est là. Il nous semble, dans l’état actuel des mentalités, que si nous ne créons pas des structures adaptées, des centres spécialisés comme les « centres Entendre et comprendre » que représentent nos antennes du GRAPsanté ou des hôpitaux de jour, nous ne parviendrons pas à proposer ce type de prise en charge. Il faudra du temps pour que l’on soit prêt à accepter l’effort demandé pour réussir à sortir les presbyacousiques de leur « ghetto ».

La Lettre du GRAPsanté n°63, mars 2015.