La recherche sur la maladie d’Alzheimer en France : analyse critique
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À l’occasion de la journée sur les politiques publiques et la recherche sur la maladie d’Alzheimer, organisée par l’association France Alzheimer, Joël Ménard, professeur émérite de santé publique et principal concepteur du troisième plan Alzheimer (2008-2012), a présenté une analyse critique de la recherche sur la maladie d’Alzheimer en France. Entre les périodes 2003-2008 et 2009-2013, la production française d’articles scientifiques originaux sur la maladie d’Alzheimer a augmenté de 57% et le nombre d’articles parmi les 1% les plus cités a été multiplié par 2.3. La France contribue ainsi à 5% de la recherche académique mondiale sur la maladie d’Alzheimer. On observe une participation notable des chercheurs français à l’élaboration des recommandations internationales sur la maladie d’Alzheimer et les démences vasculaires entre 2010 et 2012 ainsi que la création d’un réseau de consultations mémoire hospitalières et libérales sur l’ensemble du territoire. Mais la France est « absente des découvertes scientifiques majeures sur la maladie d’Alzheimer. » Selon le Pr Ménard, « il existe des défauts profonds du système de recherche français, et il faudrait une évaluation systématique des politiques publiques, mais cela n’est pas fait. » Pour les cinq prochaines années, il souhaite une meilleure collaboration entre les cinq partenaires (l’Espace éthique, France Alzheimer, la FondationMédéric Alzheimer, la Fédération des centres mémoire et la Fondation Plan Alzheimer) ; davantage de coopération que de compétition au niveau national ; un changement du management de la recherche en France et la défense d’une industrie de santé nationale ; une meilleure formation continue, dans un monde qui évolue de plus en plus vite. Le Pr Ménard propose des exemples tirés du troisième plan Alzheimer : maintenir absolument un pourcentage du produit intérieur brut (PIB, indicateur de la production de richesse nationale) dédié à la recherche, qui soit compétitif avec celui dédié par les nations les plus efficientes ; imposer une approche interministérielle qui favorise la recherche translationnelle (de la recherche académique au lit de la personne malade) ; assortir d’un volet recherche multidisciplinaire tout plan de santé publique ; changer l’ensemble des procédures qui ralentissent la mise en œuvre immédiate des projets ; suivre des indices de spécialisation permettant d’établir des priorités régionales.
www.agevillagepro.com, 26 mai 2015.