Fête des pères
Société inclusive
À l’occasion de la Fête des pères, l’humoriste Anne Roumanoff écrit : « J’ai trois ans et je tiens la main de mon papa. Il est fort, il est solide. C’est mon héros, avec lui je ne crains rien. Il me pousse sur la balançoire du Jardin d’acclimatation. J’ai des couettes. Je crie “Encore ! Encore ! “. Il proteste en riant et il me pousse encore et encore. Le soir pour m’endormir, il me raconte l’histoire d’ “une petite fille qui s’appelle Lili.” Elle est où la petite fille ?”, je demande. “Dans ma tête”, il répond et j’imagine qu’une enfant miniature habite dans sa tête. J’ai treize ans, je suis révoltée contre la terre entière et contre lui en particulier. On se dispute, je quitte la table, je claque la porte en hurlant : “Je ne suis pas une ado, j’ai treize ans, je suis une adulte, ok ? ” J’ai trente ans, c’est mon mariage, je rentre dans l’église à son bras. Il a mis son plus beau costume et un nœud papillon qui le fait ressembler à un maître d’hôtel. Il ne me le dit pas mais je sais bien qu’il pense qu’aucun garçon n’est assez bien pour moi. Il a presque quatre-vingts ans, ses cheveux sont tout blancs, ses petits-enfants l’appellent Papou. Il me regarde d’un air absent. C’est toujours la question que les gens posent : “D’accord, ton père a la maladie d’Alzheimer mais il te reconnaît ou pas ? “. Je prends sa main, je la serre. Il n’est plus ce qu’il a été mais il est là, bien vivant. Il me sourit et je retrouve l’étincelle de malice dans ses yeux.
Bonne Fête des pères, papa ! »
Voici, www.non-stop-people.com, www.7sur7.be, 22 juin 2015.