L’importance de dire merci (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
13 juin 2015

« Ma femme, âgée de quatre-vingt-trois ans et atteinte de démence, ne peut plus tenir une conversation depuis l’année dernière ; elle ne peut plus se lever seule et son état requiert un besoin d’assistance de niveau 5, le niveau le plus élevé. Moi, son mari, qui suis âgé de quatre-vingt-deux ans, j’ai été opéré d’un cancer de la vessie au mois de janvier dernier. Ce n’est plus évident pour moi d’aider ma femme à se lever pour aller aux toilettes la nuit. “Vous en faites trop pour votre femme en mettant en péril votre santé”, “Vous devriez lancer un SOS auprès des services spécialisés pour qu’ils vous aident” …., telles sont les remarques que j’entends à longueur de journée. Mais moi, je souhaite vivre à la maison, avec ma femme, et ce, jusqu’à mon épuisement complet, tout en continuant à bénéficier de l’aide des services de soins de jour. Après notre mariage, parallèlement à mon activité professionnelle, je me suis consacré à la photographie ; mes sujets de prédilection étaient les fêtes locales ainsi que les statues religieuses, en particulier les grandes statues de Bouddha que je prenais à la lumière des différentes saisons de l’année. J’étais devenu un habitué des concours de photographie. Quand j’ai créé, ensuite, un club de randonnée en montagne, ma femme m’a beaucoup aidé à l’animer et à le faire fonctionner grâce à son caractère sociable et à son ouverture au monde extérieur et aux autres. En 2009, la veille de notre cinquantième anniversaire de mariage, j’ai relu les cent quinze lettres que j’avais reçues de ma future épouse avant nos noces. En les lisant, j’étais bouleversé, je redécouvrais une jeune femme sensible qui n’arrivait pas à aborder le mariage. Il y avait là une jeune fille qui était trop réservée, trop délicate. »

Yomiuri Shinbun, 18 mai 2015.