Le Père, de Florian Zeller, traduit en anglais

Société inclusive

Date de rédaction :
22 octobre 2015

« Pour nombre d’entre nous, prendre soin de nos parents âgés est devenu une part de la vie moderne. C’est une période difficile à la fois pour l’enfant et le parent lorsque leurs rôles s’inversent », écrit Pamela Das dans les colonnes de la revue médicale Lancet, dans un article intitulé : Un voyage inexorable (a relentless journey) : la vie avec une démence. « La pièce Le Père du dramaturge français Florian Zeller [Molière 2014 de la meilleure pièce] offre un portrait brutalement honnête de la maladie d’Alzheimer.  Dans une traduction virtuose de Christopher Hampton, la pièce explore la relation entre un père (André) et sa fille (Anne), et la maladie ravageuse qui les vole l’un à l’autre. » La pièce commence joyeusement, puis va et vient dans l’espace et le temps. « Cette structure glissante crée un monde confus, rempli d’ambigüités et de divergences. Les spectateurs ne savent jamais où ils sont ni qui est réellement André. » « Sous la direction magistrale de James Macdonald, l’auditoire est emmené dans un voyage pour voir le monde dans la perspective d’André. Différents acteurs jouent le même rôle. Les récits sont répétés, mais fracturés. Certaines scènes se terminent de façon abrupte et la salle n’est plongée dans l’obscurité que pour mieux être secouée de nouveau par des interludes musicaux agaçants et des lumières aveuglantes enveloppant la scène. Tous ces effets suggèrent intelligemment la dégénérescence progressive de l’esprit d’André. » Occasionnellement, « on nous rappelle les choses que la démence ne peut pas emporter : la chaleur du toucher, les sourires, les rires, et ce que veut réellement dire un amour inconditionnel. » Pamela Das a trouvé cette pièce « difficile à regarder, mais sans qu’il soit possible d’en détourner les yeux » : elle est la seule fille et la seule aidante de son propre père atteint d’une maladie d’Alzheimer à un stade intermédiaire. « Je partage ces sentiments de perte, d’impuissance, de haine, d’isolement et de culpabilité endurés par Anne. Je voyage à travers une sorte de deuil vivant en regardant mon père s’éclipser devant moi. Et pourtant, voir Le Père m’a fait sentir que je n’étais pas seule et m’a donné la permission en quelque sorte de ressentir l’indicible. Il est remarquable que Zeller, qui n’a que trente-six ans et qui n’a pas d’expérience personnelle apparente de la maladie, ait été capable de saisir la réalité crue de la vie avec une maladie d’Alzheimer. Il est aussi réconfortant qu’un jeune homme veuille écrire une pièce où il est question de vieillir et de tomber malade. En le faisant, Zeller capture les peurs qui sont les nôtres à tous pour nos vies à venir. Produite par le Théâtre Royal de Bath et le Théâtre Tricycle, la pièce a été jouée au Théâtre Wyndham de Londres. 

Das P. A relentless journey: life with dementia. Lancet 2015 ; 386(10006): 1813-1814. 7 novembre 2015. www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(15)00769-2/fulltext. 7 novembre 2015.