Les aidants familiaux, une espèce en voie de disparition ? (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
28 août 2016

Il y aura toujours des aidants dans quinze ans. Roméo Fontaine évoque deux raisons principales. Tout d’abord, les personnes âgées vivront de moins en moins seules et pourront donc bénéficier d’un aidant potentiel en la personne du conjoint. En effet, « la réduction de l’écart d’espérance de vie entre hommes et femmes diminue le risque de veuvage et les recompositions de couple compensent l’augmentation des divorces et séparations de couple et atténue l’effet de la diminution du nombre d’enfants par famille. La proportion de femmes âgées de quatre-vingt-cinq ans et plus vivant en couple devrait ainsi passer de 7% en 2000 à 23% en 2030, selon l’INED (Institut national d’études démographiques). Chez les hommes, cette proportion passerait de 46% en 2000 à 58% en 2030. » La deuxième raison est l’existence de mécanismes de compensation au sein de la famille, qui pourraient assez largement contrebalancer la diminution anticipée du nombre d’enfants, explique Roméo Fontaine : « au sein d’une fratrie, l’implication déclinante des uns sera en partie compensée par l’implication grandissante des autres membres. Trois facteurs devraient participer de cette recomposition de l’aide familiale : la présence plus fréquente d’un conjoint auprès du parent en perte d’autonomie ; la probabilité que chacun des enfants s’implique davantage ; la plus forte implication des fils dans l’accompagnement, en raison de la participation croissante des filles au marché du travail. Nos résultats montrent des différences de comportements importantes entre les fils et filles des personnes âgées en perte d’autonomie. Toutes les différences de genre observées vont dans le sens d’une réduction probable des inégalités homme/femme dans la provision d’aide familiale. » En conclusion, il semblerait donc que la situation ne soit pas si alarmiste et que la famille devrait continuer à jouer un rôle prépondérant dans la prise en charge des personnes en perte d’autonomie. Manuel Plisson, responsable du pôle Études économiques et actuarielles à la Fondation Médéric Alzheimer, précise : « la question qu’il convient maintenant de se poser est : comment aider les aidants ? C’est pour cela que la prochaine enquête (PATED 3) qui sortira fin 2017, portera sur le risque « d’aidance » que l’on peut définir comme le « risque » de devenir aidant. Elle traitera également des besoins des aidants actifs ainsi que des réponses apportées par les entreprises.

Fondation Médéric Alzheimer. Vers une diminution programmée de l’aide familiale aux personnes âgées en perte d’autonomie ? Septembre 2016.www.fondation-mederic-alzheimer.org, 12 septembre 2016.