« J’ai refusé un CDI »
Société inclusive
« Laëtitia, trente-trois ans, est fille unique et vit à Paris. Il y a un an, sa mère qui vit à Béziers apprend son diagnostic de maladie d’Alzheimer. Laetitia est alors obligée de quitter le restaurant qu’elle tient. Aujourd’hui, elle occupe deux emplois à mi-temps. « Je suis cuisinière dans une crèche et je travaille aussi dans une boulangerie. Et dans cette boulangerie, j’ai refusé un CDI [contrat à durée indéterminée], parce que si, dans la minute où je vous parle, il faut que je descende voir ma mère, je descends”, confie-t-elle au micro de Bruno Rougier sur France Info. Laëtitia explique avoir refusé des multitudes de CDI pour pouvoir se rendre disponible à tout instant. Des postes de cadre aussi, souligne la jeune femme titulaire d’un BAC+5. « BAC+5, cuisinière dans une crèche, ce n’est pas cohérent”, reconnaît-elle. L’impact est aussi palpable sur la vie familiale, sociale et sur la santé de ces aidants qui, à plus de 90%, évoquent « stress, anxiété, fatigue et troubles physiologiques », selon France Alzheimer. Françoise a elle aussi sacrifié sa carrière pour s’occuper de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, et travaille à mi-temps par obligation. “L’autre 50% est octroyé à ma mère. Je n’ai jamais voulu reprendre à 100%. Cela a un impact sur mon avancement. J’aurais voulu faire une belle carrière professionnelle mais ça ne s’est pas fait parce que je me consacre à elle, à sa maladie. Je ne veux jamais qu’elle s’écroule”, explique l’aidante. Elle a installé un système de vidéosurveillance : “j’ai l’écran destiné au travail et le petit écran de mon téléphone portable sur ma gauche sur lequel je visionne ma maman matin, midi et soir. Cela a un impact sur le travail, avec moins de concentration », admet-elle. Sophie, qui accompagne sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer et âgée de quatre-vingt-trois ans a, elle, osé franchir le pas et a décidé d’en parler à son directeur. Sa vie professionnelle est maintenant plus sereine : « J’ai un patron très compréhensif. Quand Maman a une crise ou si elle tombe, je quitte mon travail aussitôt en prévenant mon directeur qui me donne son accord sur le champ, voire même une semaine de congé s’il le faut », explique-t-elle à France Info. « Malgré les difficultés rencontrées, 96% des aidants en activité déclarent vouloir continuer à travailler malgré tout, car l’activité professionnelle les sort aussi de leur quotidien d’accompagnant. « D’un côté, l’amour familial nourrit votre engagement et de l’autre côté, l’activité professionnelle, au-delà des ressources financières qu’elle vous apporte, vous permet de sortir du quotidien de la maladie », souligne l’association France Alzheimer et maladies apparentées.