« Ce mot d'Alzheimer, quand vous n'avez rien, ça fait peur »

Société inclusive

Date de rédaction :
28 août 2016

Il y a dans ce groupe « beaucoup de réflexion, de lucidité », observe Jean-Luc Noël. Le montage sonore des conversations révèle « des phrases définitives, des hésitations, des interrogations, des rires et des sourires sur les aspects cocasses que peut revêtir la vie avec la maladie, ainsi que des réflexions plus sensibles et profondes sur la mémoire “enfouie”, le fait d’être “hors du monde”, “en dehors de la normale”, de devenir “indifférent au monde et aux gens” ou de devoir inventer des stratagèmes pour mentir aux proches afin de ne pas les inquiéter, et éviter notamment de répondre à la sempiternelle question : “qu’est-ce que tu as mangé à midi ?” »« Quand on perd la mémoire, on perd pied, on se sent à part… » « On est hors du monde. » Yvonne dit : « Alzheimer est un cousin germain de la folie. » Élise n’est pas d’accord : « l’oubli, c’est quand même autre chose que de devenir fou. Il n’y a pas que l’oubli, il y a les manifestations… Ils ne se rendent pas compte eux-mêmes de ce qu’ils font. » « Ces petites phrases claquent dans le silence de la salle de cet accueil de jour », témoigne Claudine Proust, du Parisien. Prémices d’une maladie qui n’a pas été nommée et dont on ne veut pas forcément entendre le nom non plus : « ce mot d’Alzheimer, quand vous n’avez rien, ça fait peur » dit un membre du groupe. » Si peur que l’on en oublie d’écouter ceux qui sont aux premières loges de ces troubles cognitifs. À tous points de vue », écrit la journaliste.