Des ateliers pour les malades jeunes
Société inclusive
Ils ont tous moins de soixante-cinq ans, sont atteints de la maladie d’Alzheimer et participent, comme chaque semaine, à un atelier de discussion au centre Joseph-Weill à Paris. Ces réunions ont pour but non seulement d’entretenir la mémoire, mais aussi de maintenir ce lien social si précieux pour eux et leurs proches. « Tous semblent heureux d’être là, dans cette matinée de répit qui les change d’un quotidien souvent difficile », écrit Marc Payet, du Parisien. L’une des deux éducatrices médico-psychologiques, Anne-Marie Caire, amorce la discussion. « Antonio, vous aimez le sport, c’est ça ? – Oui, ce que je préférais, c’était courir, j’ai même fait le Marathon de Paris. Ça me manque, même si je marche toujours régulièrement », répond l’ancien technicien de cinquante-cinq ans qui a dû renoncer à son activité professionnelle. Didier, soixante ans, se réjouit d’avoir pu visiter récemment une exposition sur Coluche, avec ce groupe de personnes malades. Éric, cinquante-cinq ans, commence une phrase, dont on peine à saisir le sens, malgré tous ses efforts : c’est le « manque du mot », cette incapacité subite à formuler une pensée. Françoise parle bien. « Des fois, ça va ; d’autres fois, non. C’est ça qui est terrible avec cette maladie. Heureusement que j’ai ma famille, notamment mon mari, qui me soutient. » Pierre, justement, l’a accompagnée. Il vante les mérites de ce type de structure : « ces centres sont assez peu connus, or ils sont vraiment extrêmement utiles. Heureusement qu’ils existent ! Comment on ferait sinon ? » Adama N’Diaye, l’autre éducatrice, renchérit : « les gens arrivent parfois un peu déprimés, mais ils repartent généralement davantage en forme. » « Ici, on se retrouve entre nous, ça fait du bien, on ne veut pas perdre pied », approuve Antonio. Cette structure d’accueil de jour innovante a été fondée en 2008 par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE), une organisation juive laïque, qui agit aussi dans le champ du handicap et de l’aide à l’enfance, qui est de plus en plus sollicitée. « On sait maintenant qu’il est fondamental de prendre en charge la maladie le plus tôt possible », explique le directeur Paul Benhadira. « L’accompagnement humain et thérapeutique, ce sont les meilleurs remèdes. Notre mission est aussi de soutenir les aidants ». Les besoins d’un quinquagénaire ne sont pas les mêmes que ceux d’un octogénaire. « On parlera plus à des jeunes de rock que d’Édith Piaf. Et ces patients accepteront d’autant plus de venir à ces ateliers s’ils savent qu’ils vont rencontrer des gens qui leur ressemblent. »