Visite des familles à l’hôpital sans limitation d’horaire : qu’en pensent les soignants ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
22 septembre 2015

Le service de médecine gériatrique de l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a ouvert aux familles son unité de gériatrie aigüe jour et nuit, sans limitations d’horaires. Pour Adèle de Malherbe, chef de clinique assistant et ses collègues, « en court séjour gériatrique, les personnes âgées prises en soin sont souvent polypathologiques et en décompensation aigüe. Le patient hospitalisé a droit au respect de sa vie privée. La chambre d’hôpital occupée par la personne hospitalisée est, au sens de l’article 184 du Code pénal, un domicile privé. Le patient a le droit de se dire chez lui. En unité de court séjour gériatrique, la personne est plus vulnérable en raison de ses troubles cognitifs ou de ses troubles de l’humeur. L’exercice du libre choix de consentir ou de refuser des visites indésirables peut se révéler plus complexe. De même, l’expression du souhait de la présence d’autrui peut être altérée. Enfin, ces personnes sont fréquemment dépendantes pour les actes du quotidien. Elles peuvent alors tirer bénéfice de la présence d’un aidant extérieur au service. La période de l’hospitalisation constitue en tous cas une période néfaste pour ces patients. Ils peuvent présenter un syndrome confusionnel lié à cette seule hospitalisation. » Dans ce service, les patients sont âgés en moyenne de quatre-vingt-neuf ans, et deux tiers présentent des troubles du jugement. Adèle de Malherbe et ses collègues ont recueilli les points de vue des soignants quant aux horaires d’ouverture. Les avis sont contrastés. Pour certains soignants, les familles sont une source d’information sur le patient : elles le connaissent mieux et ont une expertise complémentaire de la leur ; le proche peut être un « tampon » entre eux et le patient, un lien qui favorise les soins ; la relation entre le patient et ses proches est synonyme de réassurance et de réconfort pour le patient ; l’ouverture du service jour est nuit peut permettre aux proches qui le souhaitent de maintenir le lien d’aide, dans des activités de la vie quotidienne comme l’alimentation, la marche ou même la toilette ; le plus grand nombre d’occasions de communiquer et de partager avec les familles représente un atout pour les soignants, qui peuvent ainsi apporter aux familles une éducation aux soins spécifique de la personne âgée dépendante.  En revanche, d’autres soignants craignent la survenue d’ « un sentiment de culpabilité ou un épuisement chez certains aidants n’osant profiter d’un répit pourtant nécessaire », ainsi qu’une remise en question de « leur place dans le soin, qui serait modifiée par celle plus importante prise par les familles auprès des malades de l’unité. »

De Malherbe A et al. Une unité de gériatrie ouverte aux familles sans limitation d’horaires. Soins Gérontol 2015 ; 115 : 30-31. Septembre 2015. www.em-consulte.com/article/1001311/article/une-unite-de-geriatrie-ouverte-aux-familles-sans-l.