L’établissement d’hébergement : lieu de vie ou lieu de travail ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
22 octobre 2015

Dans un entretien à la lettre d’information Alzheimer’s Insights, de l’agence de presse britannique Curation Health, Kevin Charras, responsable du pôle Interventions psychosociales à la Fondation Médéric Alzheimer, explique les enseignements tirés du modèle Eval’zheimerã, un programme destiné aux professionnels pour les aider à optimiser la qualité de l’aide et des soins aux personnes atteintes de démence. Un élément fondamental est de proposer un espace de vie partagé, dans lequel les résidents puissent se sentir en sécurité et à l’aise, comme s’ils étaient chez eux. « Nous commençons par étudier la distance relationnelle entre le personnel et les résidents, et demandons si la maison de retraite doit être vue comme un lieu de vie où des personnes travaillent, ou un lieu de travail dans lequel des gens vivent. C’est la clé. Les établissements traditionnels tendent à préférer la seconde proposition : ils estiment qu’un environnement de travail est plus facile à gérer, est moins coûteux et plus efficace, avec des soignants qui font des choses pour les résidents. Le processus dicte la pratique. Il est démontré que dans ce type d’organisation, il est trop facile de perdre de vue ce qui est bon pour les personnes hébergées, pour qu’elles trouvent un avantage à vivre dans l’établissement. Les résidents et le personnel doivent partager le même espace. Les choses ne sont pas faites pour les résidents, mais avec eux. Nous ne concentrons pas les activités sociales dans ce que l’on appelle une « journée de travail » : il y a aussi des activités sociales durant la nuit. Le personnel ne porte pas de blouse. Les repas sont partagés avec les résidents. On se sent davantage dans une communauté vivante. Après une journée de sensibilisation pour expliquer les résultats attendus de cette intervention, nous entamons un programme de six séances sur douze semaines pour développer cette communauté avec le personnel et les résidents. Proposer un environnement de type domestique, avec des indices familiers, est l’une des meilleures façons de maintenir l’autonomie et réduire la désorientation dans la vie quotidienne. » Comment les professionnels s’impliquent-ils dans la démarche ? « Nous leur demandons de s’imaginer eux-mêmes vivant dans l’unité dans laquelle ils travaillent, et s’ils pourraient y vivre pendant une semaine sans exprimer des troubles du comportement tels que l’irritation, la dépression, l’anxiété ou l’agression. Ces symptômes psycho-comportementaux de la démence sont reconnus comme étant essentiellement causés par des variables environnementales. La méthode a été déployée dans cinquante établissements depuis huit ans. Un essai randomisé et contrôlé, mené dans huit unités spécifiques Alzheimer, a montré que l’intervention améliore la qualité de vie des résidents et leur autonomie. »