Liberté d’aller et venir : éviter les "ghettos Alzheimer"
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Dans l’immense majorité des cas, les maisons de retraite accueillent dans des chambres classiques des personnes pouvant avoir des troubles cognitifs légers ou modérés, tout en ayant une unité spécifique Alzheimer de dix ou quinze lits avec un environnement protégé ou sécurisé », rappelle Pierre Bienvault. « Les personnes intègrent ces unités sur avis médical. Il s’agit de résidents ayant des troubles sévères du comportement qu’il convient de protéger », explique Florence Jullien, cadre de santé à la résidence Massy-Vilmorin (Essonne). Dans cet établissement, l’unité de vie protégée accueille quatorze personnes qui ne peuvent pas sortir seules de l’établissement. « Mais régulièrement, elles vont par petits groupes de deux ou trois, accompagnées par le personnel, faire des courses dans le quartier ou à la piscine », explique la directrice Valérie Eymet. « Dans l’unité, il y a aussi un espace où elles peuvent déambuler librement, avec, ici ou là, des petites “cachettes” avec des canapés ou des fauteuils. Pour qu’elles puissent s’isoler un peu des autres si elles le souhaitent. » Pour Pierre Bienvault, « le risque serait de faire de ces unités des sortes de “ghettos Alzheimer” ultrasécurisés et coupés totalement des autres résidents. « Il faut éviter cette dérive. Mais il faut aussi être réaliste », souligne Catherine Ollivet, responsable de France Alzheimer 93. « À un certain stade, la maladie d’Alzheimer peut entraîner des troubles sévères du comportement avec parfois de l’agressivité. C’est quelque chose d’un peu tabou. On en parle peu mais cela existe. Et c’est aussi nécessaire de séparer ces personnes des autres pour le bien-être de tous. Car un malade peut très bien, en pleine nuit, entrer dans les chambres des autres résidents en hurlant. Ce qui peut être aussi très traumatisant pour la personne âgée qui va ainsi être subitement réveillée. »