Douleur ou souffrance ? la prise de conscience de sa fragilité
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Notre langage se montre souvent imprécis : douleur et souffrance ne sont pourtant pas des termes interchangeables. Dans une première approche, la douleur serait plutôt du domaine physique, la souffrance serait plutôt morale », explique la gériatre Élisabeth Quignard, spécialisée en soins palliatifs. Selon l’IASP (Association internationale pour l’étude de la douleur), la douleur est définie dès 1989 comme une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou encore décrite en des termes évoquant une telle lésion ». L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) écrit quant à elle : « la souffrance qualifie un être qui supporte, endure, ou subit une douleur physique et morale, un état de mal-être, c’est-à-dire un sentiment de non-adaptation au monde, d’étrangeté aux êtres et aux choses, d’indifférence douloureuse ». Pour Élisabeth Quignard, « les mots que l’on utilise ont leur importance. La douleur, c’est d’abord “j’ai mal”. Mais dès qu’elle entre dans le champ de la conscience, la douleur “j’ai mal” » devient plainte, expression verbale, et engendre une souffrance qui s’exprime plutôt par “je suis mal” et qui peut durer, englobant la mémoire de cette douleur et associant alors les signes psychiques aux signes physiques. La douleur peut ainsi se transformer en souffrance dès lors qu’elle représente un vécu douloureux et une prise de conscience de sa fragilité, avec une dimension émotionnelle et affective. » Pour le médecin, pour le soignant, « il faut sans doute avoir pris conscience de ses propres faiblesses et renoncer à se situer dans le pouvoir pour devenir capable d’une authentique inquiétude pour celui qui souffre. »
www.agevillagepro.com, 23 janvier 2017.