Faut-il connecter les anciens ?

Innovation

Date de rédaction :
19 décembre 2015

« Bracelet au poignet, caméras dans toute la maison, capteur dans le lit, micropuce dans le dentier : au nom de la sécurité et du confort, bienvenue dans la silver économie », déclare Jean-Michel Caudron, ancien agent hospitalier qui s’est spécialisé dans la commercialisation d’objets connectés, invité du Comité départemental des retraités et personnes âgées (CODERPA) de l’Eure. Si ces nouvelles technologies peuvent offrir un cocon rassurant pour la personne âgée et sa famille, « la question de l’intimité se pose. Où commence la protection des gens et où s’arrête leur liberté ? Il est important d’avoir une réflexion sur la place de ces objets dans le quotidien de ces personnes », souligne-t-il. Mais la capacité d’apprentissage diminue quand on prend de l’âge », témoigne une femme qui vient de perdre sa mère, âgée de cent ans. Pourtant à l’aise avec un ordinateur, elle s’affole déjà « d’avoir à utiliser ces nouvelles technologies qui sont compliquées ». « Et encore faut-il que la famille et les proches puissent être accessibles, souligne une autre personne âgée. Car c’est bien beau d’être connecté mais si votre entourage travaille ou est éloigné… Il faudrait créer des systèmes de surveillance par les voisins, avance cette retraitée, pointant du doigt ces nouvelles technologies, intéressantes et coûteuses, qui vont définitivement suppléer les simples et efficaces relations entre habitants. Le lien n’existe plus, nous vivons dans une société individualiste. »« Ces nouvelles technologies doivent contribuer à tisser de nouveau les liens de proximité », plaide Jean-Michel Caudron. Le consultant, régulièrement sollicité par les collectivités, estime qu’au-delà de la télésurveillance, les personnes âgées déjà connectées ou susceptibles de l’être attendent surtout une télé-relation. « Combien de seniors déclenchent leur alerte Présence verte [service de téléassistance] simplement parce qu’elles avaient envie de parler à quelqu’un ? », témoigne-t-il. Ollivier Lepinteur, vice-président de la commission autonomie, handicap et accès à la santé de l’Eure, annonce que le Conseil départemental « va réfléchir à lancer un appel d’offres pour investir dans ces objets connectés. Nous servirions ainsi d’intermédiaire auprès des personnes âgées pour éviter les arnaques et les prix exorbitants. » L’élu avance aussi l’idée d’un financement en partie assuré par les enfants des personnes âgées et qui pourrait bénéficier d’une défiscalisation.