Silver Économie : éthique et rentabilité

Innovation

Date de rédaction :
26 mars 2016

Vincent Rialle, maître de conférences à l’Université Joseph-Fourier et praticien hospitalier au CHU de Grenoble, est président de la Société française des technologies pour l’autonomie et de gérontechnologie (SFTAG). Il tire « un bilan très contrasté sur les technologies de santé, d’autonomie, de santé mobile et sur la Silver Économie qui porte toutes ces technologies ». Il leur reconnaît « une vraie faculté de créativité. Grâce à l’économie du partage, l’innovation fuse de tous les côtés. Elles ont aussi une capacité de dynamiser, de moderniser les métiers de santé et d’harmoniser les pratiques. » Mais il rappelle la nécessité d’une posture éthique : « dans un monde centré sur la productivité, le marketing, il ne faudrait pas que naissent au sein de la Silver Économie de nouveaux GAFAM [Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft], des surpuissances financières où les gains sont concentrés de façon pyramidale. Il ne faut pas hésiter à aller dans le sens de l’innovation technique, mais en l’associant à un immense esprit éthique », plaide le docteur en éthique biologique et médicale. Il cite l’exemple de Tipatsma, un tableau interactif conçu pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : « le projet, d’une efficacité renversante, n’a jamais été produit, car un malade d’Alzheimer n’est pas rentable. C’est tout le problème de la Silver Économie, tout ce qui n’est pas rentable n’est pas intéressant. », s’insurge-t-il. Il évoque aussi la cessation d’activités de Vigilio SA, à l’origine du patch de prévention des chutes Vigi’Fall : malgré les prix reçus et une couverture médiatique d’envergure, la jeune société n’a pas réussi à trouver les financements nécessaires pour poursuivre son activité.

www.agevillagepro.com, 30 mars 2016.