Les fonctions sensorielles et la maladie d’Alzheimer : une approche multidisciplinaire

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Date de rédaction :
22 août 2015

Afin de mieux comprendre les relations, encore insuffisamment étudiées, entre les fonctions sensorielles et la maladie d’Alzheimer, la Fondation Médéric Alzheimer a réuni un groupe d’experts multi-disciplinaire, de renommée internationale. ).  Philippe Robert, professeur de psychiatrie, coordonnateur du Centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) du CHU de Nice, a assuré la coordination scientifique du groupe, animé par Paul-Ariel Kenigsberg, adjoint au responsable de la coordination, de la prospective et des stratégies à la Fondation. La Revue de presse de la Fondation a été utilisée pour préciser le périmètre des différents sens retenus et les champs d’expertise requis (gériatrie, neurobiologie, neurologie, neurophysiologie, oto-rhino-laryngologie, psychiatrie, psychologie, santé publique, sciences du goût et de l’alimentation, sciences infirmières). Aux cinq sens établis par Aristote (384-322 av. JC), il faut aujourd’hui ajouter la proprioception [perception qu’a le corps de sa position dans l’], la cognition motrice et la perception de la douleur. Lorsque la cognition se détériore, la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer voit le monde qui l’entoure avec son expérience sensorielle, sans qu’elle puisse toutefois intégrer toutes ces informations pour comprendre le contexte. Le traitement des multiples informations sensorielles par le cerveau est étroitement lié à des processus cognitifs. Les déficits sensoriels réduisent considérablement l’autonomie des personnes malades dans la vie quotidienne, leurs relations avec autrui, augmentent leur isolement social et le risque d’accidents. Les professionnels impliqués dans les maladies neurodégénératives restent insuffisamment sensibilisés aux déficits sensoriels, qui peuvent fausser l’évaluation de la cognition. Il existe pourtant des outils de repérage simples de ces déficits, notamment pour les troubles de la vision, de l’audition et de l’équilibre qui peuvent être corrigés. La Société française de réflexion sensori-cognitive (SOFRESC) a développé en ce sens une grille utilisable par des non spécialistes. De nombreuses interventions pour la réhabilitation cognitive ou l’amélioration de la qualité de vie s’appuient sur les fonctions sensorielles. L’environnement des personnes malades doit être adapté pour le rendre compréhensible, confortable, sûr et si possible thérapeutique. Les professionnels de santé impliqués dans les maladies neurodégénératives restent insuffisamment sensibilisés aux déficits sensoriels. Les déficits sensoriels acquis chez les personnes âgées, a fortiori atteintes de troubles cognitifs, sont à considérer dans un modèle global de l’incapacité et du handicap, prenant en compte la relation entre la personne malade et son environnement. Cette approche nécessite un repérage précoce et une prise en charge coordonnée.

Kenigsberg PA et al. Les fonctions sensorielles et la maladie d’Alzheimer : une approche multidisciplinaire. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2015 ; 13 (3) : 243-258. Septembre 2015.