Psychotropes et risque de démence : l’INSERM alerte

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Date de rédaction :
22 novembre 2015

Une association entre consommation de benzodiazépines et survenue d’une démence a été observée dans une étude coordonnée par le neurologue Christophe Tzourio, directeur du centre de recherche Epidémiologie et biostatistique de l’Université de Bordeaux (Inserm U897), communique l’INSERM (Institut national de la santé. Plus précisément, ce sont surtout les benzodiazépines à demi-vie longue (qui disparaissent de l’organisme en plus de vingt heures) qui sont associées à un risque de démence augmenté de 62%. On estime que 30% des personnes âgées de soixante-cinq ans et plus consomment des benzodiazépines et autres psychotropes, prescrits pour un large spectre de pathologies allant des troubles du sommeil aux symptômes dépressifs en passant par l’anxiété. Depuis qu’ils sont largement utilisés, les chercheurs se penchent sur leurs éventuels effets secondaires dans la mesure où ils interagissent avec des neurotransmetteurs du cerveau. Si de précédentes études avaient déjà suggéré une augmentation du risque de démence consécutive à la prise de psychotropes, beaucoup de questions restaient en suspens. Les chercheurs se sont basés sur les données issues de l’étude dites des Trois-cités (Bordeaux, Dijon, Montpellier), qui a suivi plus de huit mille personnes âgées de plus de soixante-cinq ans depuis plus de huit ans. Huit cent trente nouveaux cas de démence ont été diagnostiqués, et la consommation de médicaments consommés à domicile a été enregistrée systématiquement. « Il y a clairement une différence de signal entre benzodiazépines à durée de vie longue et celles à durée courte. Or les premières ont déjà été identifiées comme dangereuses chez les personnes âgées, notamment en raison du risque de chutes, et nous avons été étonnés de voir qu’elles étaient encore fréquemment consommées », alerte le neurologue. Malgré l’absence de certitude sur le mécanisme sous-jacent, « le doute est suffisant pour encourager médecins et patients à trouver des formes alternatives pour les troubles du sommeil des personnes âgées qui sont le motif principal de prescription de ces médicaments : conseils hygiéno-diététiques, produits non médicamenteux, et au maximum les médicaments les moins dangereux comme les benzodiazépines à demi-vie courte. Nos résultats suggèrent au minimum une vigilance renforcée de tous, en particulier des médecins et des autorités de santé, pour éviter cette consommation de benzodiazépines à demi-vie longue chez les personnes âgées. Le signal sur l’ensemble des psychotropes, comprenant les antidépresseurs, est à confirmer par d’autres études mais il amène lui aussi à une inquiétude sur l’ensemble de ces produits et pas uniquement les benzodiazépines. »

http://presse.inserm.fr/la-consommation-de-benzodiazepines-est-associee-a-un-risque-de-survenue-de-demences/21661/, 2 décembre 2015. Shash D et al. Benzodiazepine, psychotropic medication, and dementia: a population-based cohort study. Alz Demen, 19 novembre 2015. www.alzheimersanddementia.com/article/S1552-5260(15)02953-2/abstract. Quotidien du médecin, 4 décembre 2015. Les Echos, 7 décembre 2015.