Le repérage de la solitude : un premier pas important pour la détection précoce de la démence

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Date de rédaction :
14 janvier 2017

Le Pr Paul Rosenberg, du département de psychiatrie et sciences comportementales de l’Université Johns-Hopkins de Baltimore, commente la dernière étude de Nancy Donovan : « Le développement des traitements de la maladie d’Alzheimer s’intéresse maintenant systématiquement aux stades précoces de la maladie, pour cibler les stades prodromaux (avec des signes avant-coureurs) et même précliniques de la maladie, glissant ainsi du traitement vers la prévention. Compte tenu des progrès dans notre compréhension des mécanismes neurobiologiques sous-jacents de la maladie d’Alzheimer, l’espoir est d’utiliser des biomarqueurs pour cibler les traitements vers les personnes ayant le risque le plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, le biomarqueur le plus prometteur est la charge cérébrale amyloïde, que l’on peut quantifier soit par tomographie à émission de positons (PET-scan), soit par des dosages dans le liquide céphalo-rachidien.  Mais ces biomarqueurs réservés à la recherche sont par nature invasifs et coûteux : il est improbable qu’ils soient utilisables en pratique courante pour la détection précoce de la maladie d’Alzheimer. Pour ces raisons, la recherche clinique s’intéresse à des méthodes de détection peu coûteuses, comme des tests cognitifs plus sensibles, ou le recueil des plaintes subjectives de la perte de mémoire. Il est de plus en plus clair que la maladie d’Alzheimer n’affecte pas simplement la cognition, et que des symptômes neuropsychiatriques chez des personnes âgées sans troubles cognitifs peuvent être des signes prodromaux de la maladie d’Alzheimer. Ce concept est appelé déficit comportemental léger (mild behavioral impairment) en référence au déficit cognitif léger. Pour le Pr Rosenberg, le repérage de la solitude est un premier pas important. « Peut-être d’autres émotions (la peur, l’angoisse existentielle, l’effroi, ou des émotions plus positives) pourraient refléter la présence d’une charge amyloïde ou d’autres biomarqueurs. Une étude qualitative des symptômes de l’humeur, exprimés par les personnes elles-mêmes avec leurs propres mots, pourrait être un bon point de départ. « À l’avenir, nous pourrions développer des interventions ciblant ces nouveaux symptômes ; après la première évaluation de la solitude, ces interventions pourraient bien être de nouvelles thérapies cognitivo-comportementales plutôt que des médicaments. »

Rosenberg PB. Loneliness as a Marker of Brain Amyloid Burden and Preclinical Alzheimer Disease. JAMA Psychiatry 2016; 73(12):1237-1238. 1er décembre 2016. http://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/article-abstract/2575727.