Un cahier de mémoire pour consigner ses pensées (2)
Société inclusive
M. Ooshiro travaille toujours dans la même entreprise ; simplement, il a changé de secteur, en passant du service commercial au service de lavage des voitures. Quand il est au travail, il ne cesse de se répéter : « il me faut travailler consciencieusement en accomplissant mes tâches une par une et en me concentrant sur la tâche à accomplir : ainsi, si je m’occupe du nettoyage des tapis de la voiture, je ne dois penser qu’aux tapis ; quand je m’occupe du nettoyage des vitres de la voiture, je ne dois penser qu’aux vitres. » « Au travail, nous les collègues de Katsusi, nous le soutenons autant que nous le pouvons car nous voyons bien que Katsusi est quelqu’un de positif et qu’il lutte de toutes ses forces contre sa maladie » dit l’un de ses collègues. Si M. Ooshiro arrive à travailler et avancer positivement, c’est, effectivement, parce que son entourage tant professionnel que familial le comprend et le soutient. Ainsi, le plan qu’il utilise pour se rendre au travail, a été conçu par sa femme. « Je pense que c’était très compliqué pour ma femme de fabriquer ce plan. Comme je n’arrivais pas à me débrouiller tout seul, je m’énervais mais ma femme se montrait très patiente avec moi ». Il constate : « il y a beaucoup de livres qui traitent de démence précoce et de tout ce que les “victimes” de cette maladie ne peuvent plus faire ; par contre, on n’y lit jamais ce que les personnes malades peuvent continuer à faire moyennant quelques adaptations. C’est pour cela que les gens ont une image très négative de cette maladie ». Même s’il travaille comme tout le monde, M. Ooshiro ressent la progression permanente de sa maladie : la fatigue cérébrale est de plus en plus fréquente et il a de brusques accès de sommeil. Pour tenter d’y remédier, il fait désormais deux brèves siestes d’un quart d’heure chaque jour, et veille à adapter son rythme de vie et ses occupations à l’évolution de sa santé. « Ce n’est pas parce que je suis atteint de démence précoce que je ne peux plus rien faire. Grâce à mes efforts, grâce aux soutiens dont je bénéficie, je sais que je peux encore faire beaucoup de choses. Quand on m’a annoncé ma maladie, je me suis dit : “ma vie est finie”. Je sais aujourd’hui que c’était faux. » Maintenant, M. Ooshiro se tourne résolument vers l’avenir, en réfléchissant à ce qu’il peut faire pour continuer à se rendre utile aux autres.
Ryukyu Asahi Television, 5 janvier 2017. Veille en japonais et traduction bénévole de Kyoko Siegel.