Mort dans la rue

Société inclusive

Date de rédaction :
28 mars 2017

Jacky, personne sans domicile fixe (SDF), a été tué sur l’autoroute qui traverse Strasbourg. « Il était en attente d’un accompagnement de sa démence depuis plus d’un an. » Ses proches souhaitent que son décès n’alimente pas que les statistiques. Vincent Faucheux et des amis de la rue ont lancé un appel pour informer de son enterrement. Plus de seize mille personnes ont lu le texte sur le site www.rue89strasbourg.com. « A toutes les personnes concernées, nous enterrons Jacky. À tous ceux et toutes celles qui connaissaient Jacky, personne à/de la rue, un “ancien” atteint de démence. À tous ceux et toutes celles qui ont eu connaissance de sa mort violente le samedi 18 mars 2017, c’était lui, “un piéton percuté” (…) Jacky était une personne sans domicile fixe, l’un de ceux que l’on appelle les « anciens », et qui a vécu à la rue durant de trop nombreuses années. Ces derniers temps, il était manifestement de plus en plus affecté par des troubles de la mémoire. Il déambulait en ville tous les jours et la nuit également. Il n’était pas conscient du danger qu’il courait parfois. Ces derniers temps, il était hébergé en structure médico-sociale ouverte, c’est-à-dire libre de sortir quand il le voulait. Jusqu’à ce que cela lui soit fatal. Ainsi, chacun et chacune d’entre nous, simples personnes l’ayant rencontré dans différents contextes, tenons à témoigner d’un événement qui ne doit pas rester dans le silence, qui ne doit pas rester anonyme et qui ne doit surtout pas se reproduire. Jacky semblait appartenir à la rue, et son destin, bien qu’il nous apparaissait incompréhensible voire absurde, était bel et bien celui d’un homme, d’une personne. Nous ignorons tout du parcours de cet Alsacien, de ses drames, de ses contradictions, mais l’implacable fatalité de sa mort nous paraît aussi être le symptôme d’une société, d’un ensemble qui ne tient plus guère compte de l’humain, de l’individu. »