Une jeune fille de 90 ans, de Valeria Bruni-Tedeschi et Yann Coridian (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 juillet 2017

Le film est passé sur Arte le 7 juin à 20h55. Les journalistes sont conquis : « éblouissant moment de grâce (Télérama) ; « d’une pudeur et d’une délicatesse de tous les moments » (Le Figaro) ; « poignant, burlesque, théâtral (France Inter). Valeria Bruni-Tedeschi a coréalisé un documentaire émouvant, où l’on suit l’histoire d’amour platonique de Blanche, quatre-vingt-douze ans, et du chorégraphe venu faire un stage de danse dans un service de gériatrie de l’hôpital Charles-Foix à Ivry-sur-Seine. « Le chorégraphe est bouleversé, mais aussi – et la caméra le saisit parfaitement – un peu accablé par cette responsabilité, qui s’abat sur lui à l’improviste. Pour lui, Blanche sort de sa torpeur, de sa résignation. Son esprit altéré par la maladie retrouve des éclairs de lucidité qui semblent la porter aux nues avant de l’abattre dans une tristesse sans fond. Ce qui a commencé comme une promenade au fond des bois de la fin de vie devient une tragédie amoureuse, un peu comme si le roi Lear s’invitait chez Roméo et Juliette », écrit Le Monde. « Pour une fois, le regard porté sur la “démence sénile” (sic) ne suit pas le mouvement descendant de la perte de la mémoire puis de la conscience, mais part en prospection à la recherche de pépites – souvenirs, expressions, gestes -, que la seule présence du chorégraphe sort de leur gangue : les larmes d’une vieille dame d’origine asiatique, que l’on aurait crue catatonique, les bonnes histoires d’une autre, qui préservera jusqu’à son dernier mot un accent parisien en voie de disparition…Tout ce que la routine de l’internement, de la vie hospitalière tend à masquer est évident, par la grâce de la musique et de la danse. » Que voulait précisément montrer la réalisatrice dans ce film ? « C’est ce microcosme qui nous intéressait », dit-elle à Téléstar. On pensait préparer un spectacle avec les pensionnaires. Notre but était d’attraper ce que Simone Weil, la philosophe, appelle la compassion. Pour elle, le seul miracle qui existe est celui de deux personnes qui n’ont rien à obtenir l’une de l’autre et qui rentrent en empathie. » La chef de service nous a assuré qu’il n’y a rien de négatif dans ces émotions pour les malades. C’est juste l’histoire d’une femme qui se sent à nouveau vivante. » La réalisatrice a montré le documentaire à Blanche, aux autres résidents et aux médecins. « Blanche a même reconnu Thierry. Alzheimer est moins fort que le sentiment amoureux. C’est un grand mystère. Il faut que les médecins se penchent là-dessus ! », conclut Valeria Bruni-Tedeschi.