Chine : aller au parc ensemble pour « expulser les maladies » et entretenir sa mémoire

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 décembre 2017

Depuis une vingtaine d’années, les parcs de Chine urbaine sont largement mobilisés par les personnes âgées comme espaces de loisirs, explique Justine Rochot, doctorante en sociologie à l’École des Hautes études en sciences sociales (Centre d’étude sur la Chine moderne et contemporaine – Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Institut d’études sur le développement économique et social). Le discours relatif à la santé des personnes âgées pose la santé dans l’héritage de ses enjeux maoïstes. On retrouve ainsi, au milieu des infrastructures sportives, un écriteau citant une phrase prononcée par le Grand timonier en 1954 : « Développons les activités sportives, renforçons la constitution physique du peuple », rappelant par-là au public la manière dont le souci de soi s’inscrit dans un enjeu national et historique plus large. La sociologue observe que les retraités du parc confirment la circulation de ces savoirs et représentations, en établissant un lien permanent entre les activités pratiquées au sein du parc et l’entretien de soi. « Chanter ne permet donc pas seulement de partager un moment collectif : c’est aussi une manière d’entretenir son souffle, d’expulser les maladies, d’entretenir sa mémoire et d’engendrer la joie grâce à la circulation des énergies. Le parc s’impose donc comme espace de circulation de nouvelles normes et pratiques de la vieillesse et du corps, par le biais d’affichages appropriés par des praticiens âgés. »

Rochot J. « Un parc à soi » : les parcs, territoires de la vieillesse en Chine urbaine contemporaine. Lien social et politiques 2017 ; 79 : 193-214. Octobre 2017. http://retro.erudit.org/revue/lsp/2017/v/n79/1041739ar.html.