Laissez entrer le soleil : les effets de l’éclairage dynamique sur les comportements (1)
Innovation
L’imprégnation continue d’une lumière naturelle ou artificielle agit-elle sur les troubles du comportement et du sommeil dus à la maladie d’Alzheimer, naturellement et sans médicament ? Les études sur les conditions expérimentales optimales de la luminothérapie se multiplient. En France, Linda Benattar, directrice médicale internationale du groupe Orpéa, rappelle que les personnes atteintes de troubles cognitifs sont sujettes à des réveils nocturnes fréquents empêchant la récupération des fonctions cérébrales déjà lésées par la maladie. « Le rythme circadien [rythme biologique proche de vingt-quatre heures] permet au cerveau de stimuler, via la vue, l’épiphyse, glande qui émet de la mélatonine [hormone impliquée dans la régulation des rythmes quotidiens en fonction de la luminosité]. Lorsque les yeux perçoivent une baisse de l’intensité lumineuse, l’horloge biologique reçoit le signal d’arrêter la sécrétion d’autres hormones de la phase de veille, telle que le cortisol, l’adrénaline et la sérotonine [qui sont notamment impliquées dans les troubles de l’humeur]. En bref, résume Linda Benattar, « plus on est imprégné de soleil, plus on a des facilités à s’endormir et un sommeil de qualité. » Dans son EHPAD des Pastoureaux, à Valenton (Val-de-Marne), le groupe Orpéa a installé un système d’éclairage dynamique dans la nouvelle unité de vie dédiée aux personnes atteintes de maladie neurodégénératives. Le système reproduit la couleur de la lumière (bleue ou orangée) en fonction des différents moments de la journée. Une étude pilote, menée auprès de douze résidents en collaboration avec le CHU de Nice et le Centre d’innovation et d’usage en santé, est menée depuis octobre 2016. N’ont été incluses que des personnes sans troubles de la vue susceptibles d’empêcher l’imprégnation de lumière, présents dans l’unité de vie depuis un mois pour pouvoir se repérer dans l’établissement, et être atteints de troubles suffisamment importants ayant des répercussions négatives sur la vie collective. Les premiers résultats montrent un gain de cinquante-cinq minutes de sommeil par nuit, une diminution du nombre de réveils nocturnes et une amélioration des troubles du comportement (baisse de 4.6 points sur l’échelle de l’inventaire neuropsychiatrique).
Le Mensuel des maisons de retraite, mai 2017.