Troubles du sommeil et maladie d’Alzheimer
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« Faut-il réveiller un résident qui dort ? » s’interroge Raphaëlle Murigneux, d’Agevillagepro. Pour les spécialistes du sommeil, la réponse n’est pas simple. Les troubles du sommeil apparaissent dès les formes légères à modérées de la maladie d’Alzheimer, rappellent Thierry Montemayor, de l’unité du sommeil de l’hôpital Purpan de Toulouse, et Isabelle Poirot, de l’unité du sommeil du CHRU de Lille, dans un état des lieux de la prise en charge de l’insomnie du sujet âgé. Les personnes présentent un sommeil discontinu associé fréquemment à une agitation nocturne, contrastant avec l’existence d’un ralentissement psychomoteur et d’une somnolence diurne excessive. Dans les formes évoluées, l’activité locomotrice est diminuée significativement dans la journée et augmentée la nuit, le sommeil se fragmente. La diminution de l’amplitude du rythme activité-repos est significative. À la différence des sujets âgés sains, ces patients sont en retard de phase, tant au niveau du rythme de la température interne [le minimum thermique matinal inciterait à se réveiller] que du rythme activité-repos. Les formes très évoluées peuvent aboutir à une inversion totale du cycle veille-sommeil. Les troubles trouvent leur origine dans le noyau supra-chiasmatique [une minuscule zone de l’hypothalamus au-dessus du croisement des nerfs optiques] et des altérations de la sécrétion de mélatonine, une hormone qui régule les rythmes quotidiens en fonction de la luminosité et informe l’organisme sur la saison selon les variations de la durée du jour]. Par ailleurs, la fréquence des troubles du rythme circadien [« l’horloge biologique », calée sur vingt-quatre heures] donnant une irrégularité du sommeil, empêche les personnes de se conformer aux horaires du groupe dans lequel elles se trouvent. D’autres études ont mis en évidence des troubles de consolidation de la mémoire au cours du sommeil chez le sujet âgé.
www.agevillagepro.com, Montemayor T et Poirot I. Insomnie du sujet âgé. État des lieux de la prise en charge. Rev Gériatr 2017 ; 42(1) : 43-55. Janvier 2017. www.revuedegeriatrie.fr.