Les laboratoires changent d’approche

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Date de rédaction :
01 juin 2017

« Les laboratoires ne se résignent pas à abandonner l’hypothèse de la responsabilité des plaques dites amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer », explique Catherine Ducruet, des Échos. « Il faut dire que ces agrégats entre les neurones sont le présupposé actuel de la quasi-totalité des molécules en développement. Puisqu’il apparaît qu’une fois les symptômes présents, aucune molécule n’est aujourd’hui efficace, le seul espoir est qu’elles le soient à un stade où le patient ne présente aucun symptôme. Il ne s’agit plus de soigner les gens déjà malades mais d’essayer de retarder l’entrée des bien-portants dans la maladie. Pour cela, il faut tester les traitements plus en amont. Mais comment faire alors pour choisir les participants ? L’étude menée par l’équipe de Bruno Dubois avec l’aide de Pfizer, de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) et du CHU de Bordeaux, est une illustration du problème. Elle porte sur trois cent dix-huit sujets volontaires, « normaux » sur le plan cognitif, recrutés dans la population de plus de soixante-dix ans. Parmi eux, quatre-vingt-huit sont porteurs de plaques amyloïdes. « Au bout de deux ans et demi, seulement quatre sur les quatre-vingt-huit ont progressé vers la maladie, observe Bruno Dubois. Il faudra donc suivre ces personnes longtemps ». Ou bien, dans la mesure où le taux de passage dans la maladie est faible dans le court terme, il faudrait élargir considérablement la taille de la population suivie. Ce qui serait très coûteux. » Les laboratoires Novartis, qui financent depuis 2015 une étude avec le Banner Alzheimer’s Institute aux Etats-Unis, a choisi de restreindre le panel à une population plus susceptible de développer la maladie. Pour ce faire, le groupe s’est focalisé sur les patients porteurs d’une double mutation d’un gène (le gène APOEε4), parce qu’ils ont un risque 30 fois supérieur de développer Alzheimer. Les résultats seront ainsi plus rapidement obtenus. « En revanche, le recrutement des participants sera très long, car 2% seulement de la population est porteuse de cette double mutation », observe Bruno Dubois.