Déni
Recherche
« Je vais devoir me faire hospitaliser ? », s’inquiète Mme Z., quatre-vingt-neuf ans. Bien qu’elle se plaigne de troubles de la mémoire depuis deux ans, c’est la première fois qu’elle en parle à un médecin. Elle est venue, accompagnée de sa fille, à la consultation mémoire de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Si Mme Z. a attendu plusieurs années avant de consulter, son cas n’est pas un phénomène isolé. « Souvent, le conjoint protège, minimise les problèmes. Il faut qu’un événement important se produise pour que cela aboutisse à une consultation » Pourquoi un tel délai entre l’apparition des premiers symptômes et la décision d’en parler au médecin ? Pour la gériatre Magali Guichardon, « il y a une représentation sociale de la vieillesse et de la dépendance qui fait que l’on préfère ne pas savoir. » « Souvent, le conjoint protège, minimise les problèmes. Il faut qu’un événement important se produise pour que cela aboutisse à une consultation. D’autant plus que, dans certains cas, une anosognosie peut apparaître, c’est-à-dire que le patient n’a pas conscience de ses troubles. Il refuse tout en bloc car il pense que tout va bien. » Le déni est tel qu’il arrive que les troubles cognitifs soient mis au jour de façon fortuite, par exemple lors d’une hospitalisation a priori sans lien. « Nous voyons parfois arriver des patients pour des fractures du col du fémur, et nous découvrons à cette occasion qu’ils présentent un déclin cognitif très sévère, sans qu’aucune exploration médicale préalable ait été faite », déplore Fanny Durig, gériatre au centre hospitalier de Douai (Hauts-de-France).