L’adaptation des professionnels du domicile à une prise en charge complexe

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 juin 2017

Dominique Villa, directeur général de l’association d’aide à domicile de l’Aisne (AAGDA), constate une évolution dans la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, l’une des premières étant « le changement de regard des partenaires financiers vis-à-vis de ce public complexe. Les prises en charge APA (allocation personnalisée d’autonomie) évoluent plutôt favorablement pour qu’il y ait une enveloppe plus conséquente d’heures d’accompagnement. La clé est en effet d’avoir des intervenants à domicile qui appréhendent mieux la maladie. Cela passe inexorablement par des plans de formation. » Pour Dominique Villa, « les services d’aide à domicile, quel que soit leur statut, se sont véritablement impliqués en s’appropriant eux-mêmes cette notion de public complexe. Nous essayons d’aller vers des profils professionnels plus adaptés. Je le vois par exemple avec la formation d’assistants de soins en gérontologie (ASG). Cette réponse de professionnalisation, nous avons souhaité la faire en interne. Aujourd’hui, notre association compte vingt ASG sur cent vingt professionnels, un très bon ratio. Financée par Uniformation et le Conseil départemental via le plan de modernisation signé avec la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, cette formation n’était pourtant pas inscrite dans la convention avec le département. Celui-ci a appelé la CNSA pour savoir si cela était possible. Cette dernière a validé en affirmant que l’avenir doit effectivement aller dans ce sens. Ces niveaux de formation sont des vecteurs très importants pour une prise en charge plus “sociale” des personnes atteintes de maladies neurodégénératives. » Dominique Villa note encore des freins récurrents à cet accompagnement : «  On ne sait pas placer le curseur au bon endroit. L’accompagnement ne doit pas être une stigmatisation de la maladie par l’accord d’un temps de “réparation”, mais une réponse à des facteurs sociaux aggravants, tels que l’isolement ou le sentiment de déclassement. Si on joue sur ces facteurs-là par de la présence humaine et de l’animation, on facilitera de fait l’accompagnement à domicile. Il faut avoir plus de répondant en amont. Les auxiliaires de vie peuvent et doivent être des auxiliaires de prévention de la santé. Elles le sont au quotidien, mais on les fait surtout travailler sur les incapacités de la personne. Or il faudrait davantage réfléchir sur ses ressources préservées. Cela permettrait de reconsidérer l’inclusion sociale de la personne fragilisée ainsi que le métier d’intervention à domicile. Il y a donc encore des marges de progrès. »

Journal du domicile, avril 2017.