L’orgueil sans les préjugés : les aidants immigrés menacés par le Brexit

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 juin 2017

« Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d’eux à notre tour ? », écrivait Jane Austen dans son roman de 1796 Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés), qui décrit les aventures sentimentales de cinq jeunes filles dans la rigidité de la société anglaise de l’époque, ainsi que les difficultés rencontrées par les femmes pour s’assurer sérénité économique et statut social. Dans un article intitulé : « More pride, less prejudice » (Davantage de fierté, moins de discrimination), Sally Knocker, formatrice à Dementia Care Matters (Royaume-Uni),a interrogé vingt infirmières et aides-soignantes immigrées travaillant en maison de retraite, et qui apportent une vision unique dans la prise en soins. « Nombre de ces personnes qui arrivent pour vivre et travailler ici ont vécu des changements et des pertes en quittant leur pays et en essayant d’appartenir à un autre endroit. Certaines racontent qu’elles ont appris qu’un de leurs parents était en train de mourir et qu’elles n’ont pas pu rentrer à temps pour leur dire au revoir. On peut affirmer que ces personnes venant d’autres pays ont la plus profonde empathie pour les personnes vivant avec une démence et qui cherchent leur mère ou leur maison. Il était évident, dans ces entretiens, que ces personnels comprennent souvent l’importance des sentiments dans l’aide et les soins et sont capables de s’appuyer sur leur propre expérience de vie pour s’occuper des autres. » Sorin, une Roumaine qui a grandi sous le régime communiste, est triste quand elle voit l’institution forcer les résidents à prendre un bain à une certaine heure ou à aller au lit. « Cela les détruit, détruit leur vie », dit-elle. Une autre difficulté est de développer la « confiance culturelle ». Juliette, infirmière philippine travaillant en Irlande, explique : « je ne me suis jamais sentie jugée sur ma culture par les personnes dont je m’occupe, mais par les collègues », dit-elle. Sanna est finnoise : « je ne peux pas aller au salon et chanter les vieilles chansons britanniques. Je ne suis pas familière de l’histoire et de la culture. Santall, qui est arrivée d’Afrique du Sud sans savoir parler l’anglais, entraîne maintenant son équipe avec des CD de karaoké pour leur apprendre les paroles des chansons traditionnelles et les expressions familières. Beaucoup de ces professionnelles immigrées s’inquiètent de l’impact à venir du Brexit (sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne) sur leur situation.

Knocker S. More pride, less prejudice. J Dementia Care 2017; 25(3): 14-15. Mai-juin 2017.