Un généreux voisin et ami

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 août 2017

Un homme de soixante-dix ans a comparu devant la cour d’appel de Caen (Calvados), accusé d’avoir abusé de la faiblesse de son voisin atteint de la maladie d’Alzheimer. Les deux hommes se connaissent, s’apprécient. Ils partagent la même passion, la pêche, qui les réunit plusieurs fois par semaine. « Je lui rendais des services, il me payait en retour », résume le prévenu. Au cœur du litige : trois prêts d’argent dont l’accusé a bénéficié pour s’acheter un fourgon, un quad et même un camping-car, détaille le président. En trois ans, « son ami » lui a ainsi prêté près de trente-cinq mille euros. Lui affirme l’avoir remboursé « en nature » : plomberie, maçonnerie, élagage, en assurant l’entretien de la maison et du terrain de son voisin. La fille de la personne malade découvre un jour que son père, « seul et vulnérable », s’apprête à signer un devis de dix-sept mille euros pour l’installation d’une pompe dans l’étang de sa propriété. « C’est pratique pour l’amoureux de pêche que vous êtes », relève alors le magistrat. Pour l’avocat de la victime, l’abus de faiblesse est indéniable. Mais le prévenu dément. Son avocat objecte que les deux hommes avaient signé en 2012 un bail pour la location d’un terrain « devant notaire », qui avait alors en face de lui « deux hommes en pleine possession de leurs moyens ». Les troubles cognitifs ont été diagnostiqués en mai 2013, six mois après le dernier prêt accordé. L’argument a convaincu les magistrats, qui prononcent une relaxe. En première instance, le prévenu avait été condamné par le tribunal correctionnel d’Alençon à quinze mille euros d’amende et à verser trente-sept mille euros de dommages et intérêts à son voisin. L’avocat général avait demandé la confirmation de ce jugement.