Comment devient-on maltraitant ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 novembre 2017

Les théories de la maltraitance sont basées sur le lien étroit et asymétrique qui unit aidé et aidant, que celui-ci soit un proche, un professionnel ou la structure elle-même, expliquent Robert Moulias, du conseil scientifique de la Fédération 3977 contre la maltraitance, et Sophie Moulias, du laboratoire d’éthique médicale (EA 4569) à l’Université Paris-Descartes et gériatre à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. La théorie situationnelle la plus connue part de l’observation que l’aidant, quel qu’il soit, ne peut plus faire face au « fardeau » de l’aide. La théorie de l’échange social se base sur l’asymétrie de la relation aidé-aidant. Le constat que la majorité des maltraitances touche des femmes et que celle des maltraitants est masculine est à l’origine d’une théorie féministe. La théorie socio-économique décrit l’exclusion sociale qui frappe les « vieux » et encore plus ceux qui deviennent fragiles, puis dépendants. La théorie de l’accumulation est basée sur les difficultés croissantes que va rencontrer l’aidant avec l’évolution de la maladie de l’aidé. La théorie psycho-pathologique constate les maltraitances liées aux pathologies psychiatriques ou psycho-pathologiques de l’aidant. La théorie de la stratification attribue la maltraitance à la sous-qualification des aidants, qui exercent des « petits boulots » et au mépris affiché envers eux par les décideurs. La théorie de l’interaction symbolique relève les variations du ressenti de maltraitance selon les cultures. Pour Robert et Sophie Moulias, « si chacune de ces théories contient une part de vérité, correspondant à certains tableaux de maltraitances, toutes relèvent d’un “mésusage” du pouvoir reçu. Le besoin d’aide d’une personne donne une emprise sur elle à une autre personne ou à une structure. Aide et soin inappropriés deviennent inéluctables si l’aidant, personne ou structure, n’est pas préparé à cette “mission”. Si l’aidant est de plus inapte à l’exercice de ce pouvoir reçu ou pris, l’abus de faiblesse devient probable. Ces théories de la maltraitance ouvrent autant de voies de prévention efficaces. »

Moulias R et Moulias S. Les théories de la maltraitance des aînés revisitées (Ou comment devient-on maltraitant ?). Rev Gériatr 2017 ; 42(7) : 433-438. Septembre 2017. www.revuedegeriatrie.fr/index.php.