Préserver des espaces à soi pour maintenir un équilibre psychologique

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
17 juin 2020

Le baromètre des aidants 2017 de la Fondation April rapportait que 24 % des personnes interrogées estiment que leur situation d’accompagnant a des effets négatifs sur leur santé, 22% sur leur moral et 28% sur la qualité de leur sommeil, rappelle Marion Berthon, du Figaro. « Il n’est pas question de sous-estimer l’épreuve que cela représente ni la mobilisation que cela implique, mais on a toujours tendance à regarder ce qui ne va pas, tempère Judith Mollard-Palacios, psychologue à France Alzheimer. Il y a tout de même entre 72 et 78% d’aidants pour qui ce rôle ne provoque pas de troubles physiques ni psychiques. Ce que nous devons bien garder à l’esprit, c’est qu’il faut savoir préserver des espaces à soi, des moments de récupération qui vont permettre de maintenir un équilibre psychologique et une implication le plus longtemps possible. » L’arrivée d’une situation de perte d’autonomie bouleverse inévitablement la nature des relations préalablement établies entre les membres de la famille. Que ce soit de façon positive ou négative, la structure familiale est à réinventer, et chacun doit trouver sa place dans cette nouvelle équation. « Une situation de dépendance remobilise l’unité familiale autour d’un de ses membres qui réclame une attention particulière, explique Judith Mollard-Palacios. Dans la plupart des familles “en bonne santé”, on voit une solidarité s’exprimer et des liens se renforcer. Par réciprocité, des enfants qui ont beaucoup reçu de leurs parents vont vivre l’aide de façon positive. A l’inverse, s’il s’agissait d’une famille au sein de laquelle les liens étaient déjà distendus et les conflits latents, on peut voir, à ces occasions-là, ré-émerger des conflits anciens, des rivalités dans la fratrie. Cela rappelle chacun aux liens de dépendance ou d’interdépendance préalablement vécus, et l’on arrive dans les cas extrêmes à des situations de maltraitance mutuelle. Lorsque l’on arrive à un point de non-retour, une entrée en établissement peut être une bonne solution plutôt que de maintenir une très mauvaise qualité de relation à domicile, ajoute la psychologue. Un soutien psychologique est nécessaire dès l’annonce du diagnostic qui est un événement traumatique, même s’il n’apparaît pas comme tel dans un premier temps. Plus l’aidant est informé et formé, plus il a pu déposer émotionnellement tout ce que cette annonce a fragilisé et mieux il sera armé pour vivre la maladie au quotidien et dans la durée. »

http://sante.lefigaro.fr/article/aidants-familiaux-11-millions-de-francais-accompagnent-un-proche/, 1er mai 2018.