Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer face au confinement en EHPAD

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
15 mai 2020

L’EHPAD mutualiste de l’Institut Claude-Pompidou de Nice accueille 72 résidents atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Ils ne sont pas confinés dans leur chambre. Christophe Rocca, directeur du pôle autonomie de la Mutualité française en Provence-Alpes-Côte d’Azur, estime que ce serait très compliqué à mettre en place et pourrait avoir un effet très négatif pour ces personnes. « La grande majorité des résidents de cet EHPAD n’a pas les capacités cognitives suffisantes pour comprendre que nous sommes en période d’épidémie de coronavirus. Seuls quelques résidents ont remarqué un changement. Ils nous demandent pourquoi ils ne voient plus leur famille ou posent des questions sur les informations qu’ils voient à la télévision. Alors on essaye de leur expliquer sans les alarmer, on leur répète qu’ici, ils sont à l’abri » dit Bénédicte Cosseve, psychomotricienne, qui travaille depuis vingt ans avec des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elle a été très surprise par leur capacité d’adaptation à l’absence des familles ou au port du masque par les soignants. Elle ne note pas de changement de comportement des résidents. « En tant que soignants, ce qui est important c’est que l’on contrôle nos émotions pour ne pas transmettre notre stress ou nos inquiétudes aux résidents, qui y sont très réceptifs ». Des séances de méditation sont proposées aux soignants. Il faut continuer de stimuler les résidents, sinon leurs capacités cognitives peuvent se dégrader très vite. Sans la venue des familles et des intervenants extérieurs pour assurer cette stimulation, les soignants doivent être encore plus présents. « On amène les résidents prendre l’air sur la terrasse, aller voir les fleurs dans le jardin, se promener ou jouer au ballon pour ceux qui le peuvent. On tend plus souvent le téléphone à ceux qui peuvent parler à leurs proches. On utilise aussi un logiciel pour que les familles puissent envoyer des photos qu’on montre aux résidents et on leur en envoie aussi », explique la psychomotricienne. « Les journées sont très fatigantes pour nous soignants, on a hâte que les familles puissent revenir. Mais pour l’instant, chaque journée écoulée où le virus n’est pas entré est une victoire. »

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/difficile-confinement-malades-alzheimer-stimulation-leur-etat-peut-se-degrader-plus-vite-1813358.html, 8 avril 2020.