La personne malade en salle d’urgence
Échos d'ailleurs
Pour Patrizia Monini, directrice médico-gériatrique de l’hôpital San Eugenio de Rome (Italie), les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont du mal à s’adapter à un système et une structure qui n’est pas nécessairement prête à l’accepter. La perte des repères familiaux et environnementaux est déstabilisante. Le rapport des personnes malades au personnel soignant est difficile, parce qu’elles n’identifient ni leur rôle ni le sens de leurs actions, ou se trompent dans l’identification. Les professionnels ne sont pas préparés à la communication avec les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les troubles du comportement peuvent masquer dangereusement la gravité de la situation. La réponse courante des soignants aux problèmes de comportement est souvent la sédation. Les questions éthiques (communiquer le diagnostic ; consentir au traitement) constituent une complication supplémentaire pour le personnel soignant, souvent laissé à lui-même(spiazzato) entre les questions médico-juridiques et le bien-être de la personne malade. Les infirmières urgentistes en charge du triage (terme forgé à l’époque napoléonienne par Jean-Dominique Larrey) attribuent une couleur en fonction de la gravité supposée de la maladie. Il y a plusieurs situations d’urgence: code rouge (danger imminent pour la vie, priorité absolue) ; code jaune (pas de risque vital, mais la situation est grave ; le temps d’attente ne devrait pas dépasser dix minutes) ; code vert (le temps d’attente ne devrait pas dépasser deux heures ; code blanc : pas d’urgence. Or l’âge n’est pas un critère d’urgence. La confusion mentale (délire) est cotée en code jaune, mais n’est souvent pas diagnostiquée, parce qu’elle est souvent considérée comme « normale » chez les personnes âgées. La confusion n’est identifiée que dans 15-30% des cas en médecine générale et seulement 30 à 50% des personnes ont des symptômes signalés à l’admission en urgence. Face à une personne présentant des difficultés cognitives, plusieurs questions doivent être posées : un diagnostic de démence a–t-il été posé ? Est-ce la première manifestation d’un déficit ? Le délire est-il causé par une pathologie grave sous-jacente et interprété à tort comme une démence ? Les membres de la famille doivent pouvoir guider le médecin urgentiste et être un lien avec le médecin traitant, afin de réduire le temps passé au service d’urgence.
www.alzheimeruniti.it , Il malato di Alzheimer e il pronto soccorso. 12 novembre 2008 (article en italien).