J’ai peur d’oublier, de Fabienne Piel
Société inclusive
C’est lorsqu’elle a oublié sa chienne dans le coffre de sa voiture pendant deux jours que Fabienne Piel a vraiment pris conscience de son état. « Ça a été comme un déclic », confie cette femme de quarante-cinq ans, mère de trois enfants. Il y avait bien eu des signes avant-coureurs, comme le courrier qu’elle glissait dans le réfrigérateur, mais les médecins n’avaient pas fait de diagnostic. Fabienne souffre depuis six ans de la maladie d’Alzheimer. Elle a arrêté de travailler et a fermé l’élevage canin et félin qu’elle dirigeait. Elle gère aujourd’hui quatre chambres d’hôtes avec son mari dans leur mas provençal. Elle a écrit son livre pour briser un tabou : « les gens ne savent pas qu’Alzheimer touche aussi des gens de quarante ans. Ils pensent que seules les personnes âgées sont atteintes, et se disent qu’après tout, mourir de ça ou d’autre chose… » et témoigner de sa perception : « architecte d’un mur qu’elle bâtit brique par brique, la maladie nous relègue à l’intérieur de nous-mêmes (…) Nous végétons dans un monde parallèle » et ajoute : « le jour où je serai placée dans une maison, si je suis consciente, je mettrai fin à mes jours ».
Michel Lafon. www.leparisien.fr, 2 mai 2009.