Ethique et technologie Février 2009

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 février 2009

Surveiller ou alerter ? Amélioration… par rapport à quoi ? s’interroge le philosophe Jérôme Pélissier. Selon lui, de nombreuses technologies améliorent ou peuvent être présentées comme améliorant l’accès aux soins (télémédecine), le lien social (visiophonie) , la sécurité (géolocalisation), le bien-être (robots-animaux de compagnie), mais d’autres technologies, qui facilitent la sexualité (lits doubles médicalisés), ou le respect de l’intimité (temporisateur d’entrée), sont beaucoup moins répandues ». « Il ne s’agit pas de juger de l’intention, ni même des résultats », mais « il est absolument anormal que toutes ces pratiques ne soient pas encadrées (car cette absence de cadre est la porte ouverte à toutes les dérives et à toutes les culpabilités). Si théoriquement l’éthique ne supporte aucune concession, il serait actuellement, concrètement, hypocrite de condamner l’usage de certaines technologies quand on constate qu’elles permettent souvent de moins porter atteinte aux droits que lorsqu’elles ne sont pas utilisées. Laisser ces questions-là aux seules familles, proches, soignants, qui se trouvent quotidiennement confrontés à ces situations, est socialement irresponsable. Le retard du législateur, et derrière lui de toute notre société, pour adapter le droit à ces nouvelles situations, est pathogène toujours, criminel souvent ». Mais le philosophe conseille d’être prudent dans l’enthousiasme : « l’amélioration apportée par la technologie peut n’apparaître que comme un pis-aller face à l’absence de procédés ou de solutions humaines (plus coûteuses ou socialement utopiques) ». Il existe un risque politico-économique (que les technologies servent de cheval de Troie à ceux qui souhaiteraient remplacer certains professionnels par des machines moins coûteuses), un risque d’ « angélisme technologique », servi par la mode des gérontechnologies, le risque d’une technophobie, qui conduirait au nom de l’éthique ou du droit, à se priver de technologies qui peuvent améliorer l’indépendance, le prendre-soin, la sécurité ou la liberté . « Les robots, les machines, ne nous donneront jamais l’affection que les humains peuvent nous donner. Mais les robots et les machines ne nous mépriseront ou ne nous maltraiteront jamais comme des humains peuvent le faire. Chacun sa place. Et les robots auront celle qu’on leur attribuera en fonction de nos réflexions et de nos combats ».
Jerpel.fr , 30 janvier 2009.