Le mandat de protection future ne séduit pas les seniors
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Si le nouveau mandat de protection future, issu de la réforme de la protection juridique des majeurs peut être établi sous seing privé, il peut l’être également par acte notarié, pour un coût d’environ trois cents euros. La chambre des notaires de Paris se mobilise pour faire connaître le mandat de protection future au plus grand nombre. Selon son président, Jean-François Humbert il intéresse jusqu’à présent davantage les parents qui veulent assurer l’avenir de leurs enfants handicapés à leur décès. Le mandat de protection future devrait connaître un réel succès chez les personnes âgées dépendantes, mais les seniors peinent à se projeter dans cette situation, selon le sociologue Serge Guérin : « le sujet les met mal à l’aise. La plupart d’entre eux repoussent les décisions d’organisation à plus tard ; ils commencent à s’y intéresser à la suite d’un événement fort, comme la mort d’un proche ». Selon l’Union nationale des associations de familles (UNAF) et les associations de personnes handicapées, un manque de garantie de l’exécution des volontés de la personne dépendantes et la difficulté à trouver des personnes de confiances nuisent au succès du mandat de protection future, qui pourrait être amélioré. « Les personnes qui viennent me voir cherchent à se prémunir d’une mise sous tutelle. Ce mandat leur permet de continuer à exercer leur volonté malgré leur incapacité », ajoute Me Nathalie Couzigou, notaire à Paris. Clémence, veuve septuagénaire qui a récemment appris qu’elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer, a désigné comme mandataire celui de ses cinq enfants qu’elle a jugé le plus qualifié dans la gestion de patrimoine. Le mandat prendra effet lorsqu’un certificat médical établira son incapacité. Elle touche une pension de réversion modeste, mais est propriétaire de deux biens immobiliers, dont l’un pourrait être vendu si la prise en charge de sa dépendance coûtait trop cher. Elle a souhaité que cette vente ne se fasse qu’avec l’accord de tous ses enfants.
Le Figaro, 17 juin 2009.