Révélation artistique

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 septembre 2009

Catherine Thomas-Antérion, neuropsychologue au centre mémoire de ressources et de recherche du CHU Nord de Saint-Etienne, s’intéresse à ces personnes qui développent une activité artistique après une lésion cérébrale. Des chercheurs rapportent les cas de personnes au début d’une démence fronto-temporale qui se sont mises à peindre ou à dessiner, de manière compulsive et de façon inhabituelle pour elles, au point parfois d’arrêter toute autre activité. Leurs productions sont stéréotypées et représentent le plus souvent des éléments biographiques de leur enfance ou jeunesse. Elles respectent les règles de composition, de perspectives ou d’association de couleurs. Les mécanismes de telles manifestations restent obscurs. Pour les neuropsychologues, les sujets révèlent une capacité qu’ils n’avaient pas jusqu’alors explorée, plus qu’ils ne développent un talent particulier. Mais on ne peut exclure, pour certaines personnes, une révélation davantage en lien avec le changement de vie induit par la pathologie d’ordre psychologique ou d’un nouveau choix de vie. Les neuropsychologues expliquent que la démence fronto-temporale modifie la cognition, notamment en désinhibant ou en libérant les sujets et en modifiant leur langage, l’émotion et la conation (effort, tendance, volonté), en termes de motivation. Les capacités intactes de coordination de l’activité gestuelle vers un but suggéré (praxie) et de reconnaissance d’un objet à l’aide des sens (gnosie) permettent aux sujets de dessiner.

Revue de neuropsychologie. Thomas-Antérion C. Libération de la créativité artistique et neurologie : étude de trois cas. 8 septembre 2009.