Troubles de la relation dans la décision de placement : le point de vue d'un sociologue.

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 décembre 2009

Le groupement régional de santé publique Midi-Pyrénées publie un dossier sur la maladie d’Alzheimer. Jean Mantovani, sociologue, a étudié une cinquantaine de parcours et situations individuelles et des conditions de la négociation entre la personne âgée, son entourage et les intervenants professionnels. C’est moins le fait d’être atteint de la maladie d’Alzheimer qui apparaît comme un facteur prédictif du placement en institution que l’apparition de troubles du comportement, plus précisément de troubles de la relation, impliquant le malade et ses symptômes, ou le non malade et ses conduites, ainsi que les autres participants à la négociation sur le devenir de la personne entre domicile et établissement. D’importants désordres relationnels deviennent impossibles à gérer pour les proches. Vécus sous le signe de la déviance, ils ont pu être considérés par les professionnels eux-mêmes comme devenus incompatibles avec le maintien à domicile. Les liens de négociation peuvent se dégrader dès lors que la personne a cessé d’être reconnue dans ses choix et son désir d’autodétermination, et qu’elle a dépassé le seuil admissible du « risque acceptable ». Ce rapport au risque, amplifié par des normes implicites très prégnantes, apparaît souvent traité dans l’ambigüité entre risque pour la personne âgée, risque pour l’entourage et risque pour les professionnels : les parcours des personnes sont orientés précocément vers des formules offrant des gages plus grands de sécurité, et incitent ces structures à relever leur niveau de sécurisation.

Vecteursanté, novembre 2009. INSERM U558, ORSMIP et al. Mantovani J et Rolland C. Etude sociologique sur les conditions d’entrée des personnes âgées en institution et sur les limites du maintien à domicile. Rapport de recherche pour la DREES. Septembre 2007.