Changer le regard, pas les individus
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Le Dr Xavier Gervais est médecin coordonnateur de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) Les Balcons de Tivoli, au Bouscat (Gironde). Comme beaucoup de ses confrères, il s’est trouvé confronté, avec son équipe médicale, à la résolution de problèmes liés à la maladie d’Alzheimer. Il a créé en 2006 la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en EHPAD, une structure servant d’interlocuteur avec les autorités pour participer à l’élaboration d’une méthode et à sa reconnaissance scientifique. « Nous savions que beaucoup de choses existaient mais n’avions pas de garanties et perdions beaucoup d’énergie », se souvient le spécialiste. Des techniques fleurissaient, hurluberlues ou intéressantes ; ils nous fallait quelque chose de sûr. Nous avons mis en place une étude sur les thérapies non médicamenteuses, nous voulions savoir si elles étaient efficaces ». Cette étude a été soutenue par la direction générale de la santé, la Fondation Médéric Alzheimer et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, en collaboration avec le Centre mémoire de ressources et de recherches (CMRR) du CHU de Nice. Il s’agissait de mettre à disposition des soignants des outils, à la fois simples et facilement reproductibles. L’étude a porté sur seize EHPAD et mille six cents résidents. Les soignants continuent d’utiliser la méthode depuis la fin de l’étude, terminée en 2008. La méthode est maintenant dans une phase de déploiement sur un grand nombre d’établissements, à travers une formation des soignants à l’analyse du comportement caractérisant le trouble, puis à l’identification de la démarche à adopter. Une réponse individualisée est apportée dans 30% des cas, précise le Dr Gervais. Le plus important est l’observation : noter pour chaque patient la description du comportement, ce qui déclenche une crise, ce qui l’aggrave ou qui la calme, de manière à ce que chaque soignant soit capable d’intervenir avec la même efficacité. « Par exemple, lorsque le malade refuse les soins de manière agressive », explique le médecin, « il vaut mieux agir sur la cause de ce refus que d’arriver à ses fins en le forçant ». Tout est basé sur le bon sens, qu’il suffit de décoder. « régler les problèmes de comportement rapidement permet une amélioration dans le comportement ou dans l’intensité de la crise. Cela permet aussi de remotiver les soignants en leur donnant du résultat ».
Courrier français Gironde, 5 février 2010.