Economie souterraine
Échos d'ailleurs
Selon le centre de formation et de recherche sur les seniors Maderna (www.qualificare.info ),le modèle méditerranéen, consacrant le rôle prépondérant de la famille dans les aides et soins apportés aux personnes âgées, serait en déclin. A l’heure de la conciliation vie privée/vie professionnelle pour les actifs, la place occupée par les immigrés – et notamment des femmes – dans le secteur des services à la personne est vécue au-delà des Alpes comme la principale réponse opérationnelle aux graves et divers problèmes rencontrés par une population vieillissante, insuffisamment prise en charge par l’intervention publique. Le néologisme de badante /assistant(e) de vie – littéralement celui/celle qui prête attention -, né avec les premiers flux migratoires, infère davantage un sentiment diffus de culpabilité que d’ostracisme à l’endroit des nouveaux arrivants, car corrélé explicitement à l’échec des politiques sanitaires et sociales, favorisant la persistance d’une économie informelle. En dépit des initiatives portées ces dernières années par certaines collectivités territoriales pour structurer et légaliser le travail au noir et étoffer la législation et les crédits nationaux, le recours aux badante à domicile, en particulier pour l’appui à des personnes dépendantes, continue de s’étendre. Selon les enquêtes et investigations effectuées par Sergio Pasquinelli et Giselda Rusmini de l’Institut pour la recherche sociale, deux badanti sur trois, ne disposeraient pas d’un contrat de travail. Deux phénomènes distincts seraient en cause : le statut clandestin de la majorité des assistantes de vie et le renchérissement des coûts supportés par les familles depuis mars 2007, consécutif à l’introduction d’une nouvelle convention collective pour les employés domestiques, sans compensation pour les particuliers employeurs. D’après les estimations des auteurs de l’étude, construites au terme de cinq années de recherche, sept cent soixante-quatorze mille assistantes de vie (dont sept cent mille étrangères) occuperaient la fonction de badanti en Italie, et 6,6% des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans feraient appel à leurs services sur l’ensemble du territoire national. En Lombardie, les badanti assurent 48% des prestations de service aux personnes dépendantes, suivis par les unités de santé au titre de l’assistance à domicile (30,7%), l’aide à domicile apportée par les communes (11,1%) et les bons sociaux (4,4%), les structures sanitaires et sociales accueillant pour leur part 17,4% de la population concernée. Selon la Fondation ISMU, l’intervention publique revêt ainsi une dimension limitée, avec « la conviction que la société italienne ne peut se passer des immigrés, surtout dans certains secteurs, comme celui du soin et de l’assistance aux personnes âgées ».
www.brigittecroffconseil.com , 1 5 décembre 2008.