Des nouvelles de Richard

Échos d'ailleurs

Date de rédaction :
01 mars 2009

Richard Taylor, soixante-six ans, vit avec la maladie d’Alzheimer depuis six ans. Il publie sa onzième lettre électronique bimensuelle. Il fera deux présentations au Congrès mondial Alzheimer de Singapour. Il aurait préféré aller voir sa famille à Chicago plutôt que d’aller pérorer sur sa vie avec la maladie, mais il ressent le besoin de parler en public tant qu’il le peut. Il s’interroge : « qu’est-ce que je veux ou de quoi ai-je besoin aujourd’hui, que je ne voulais pas ou dont je n’aurais pas eu besoin il y a six ans ? Je vous en prie, aidez-moi à rester concentré sur mes objectifs les plus importants (stay focused on my larger goals) , et moins sur les détails embrouillés de la journée ou de la conversation. Aidez moi à trouver la représentation (the big picture) de ma vie. Aidez-moi à la définir, dites-moi quand je m’en écarte, félicitez-moi quand j’y arrive. Prenez conscience (be aware) que je ne reste pas toujours dans l’instant, dans votre instant… Je me promène (wander) parfois dans le passé, je passe à un autre sujet, ou je glisse dans la confusion. Aidez-moi à revenir ici et maintenant. Sachez que je suis influencé par mes peurs. Assurez-moi que vous êtes ici pour travailler avec moi, que vous m’acceptez comme cela, que vous m’aimez aujourd’hui et demain comme vous m’aimiez hier et le jour d’avant. Aidez-moi gentiment à comprendre mes sentiments d’insécurité et à y faire face. Je suis toujours, et de plus en plus, dans un déni que je ne montre pas. Acceptez le fait que nous ne pouvons pas nous comprendre comme nous le faisions… Vivez avec moi… Faites la fête avec moi. Stimulez mon enthousiasme plus que jamais. Livrez-moi vos moindres doutes. Faites confiance, honorez, prenez en compte et valorisez mes intentions. Dites clairement de quoi vous voulez parler avant d’en discuter. En premier lieu, regardez-moi et cherchez comment je comprends ce qui se passe. Sincèrement, parfois je sais, et parfois je ne sais pas. Apprenez à ne pas vous lamenter (to mourn : « faire son deuil »), mais cherchez à être joyeux aujourd’hui et aidez-moi à faire de même. Ne vous souciez pas de l’avenir, de l’argent et de ma mort. Sachez, si vous ne l’avez pas remarqué, qu’un changement s’opère en moi : je réagis moins aux faits qu’aux sentiments ».
richardtaylorphd.com , Alzheimer’s from the Inside Out. Richard Taylor’s February Newsletter.Février 2009