Dépendance : la place de l'aide familiale vue par les économistes
Échos d'ailleurs
Pour Agnès Gramain, professeur à l’Université de Nancy II, la réflexion concernant la production d’aide aux personnes dépendantes et son financement doit prendre en compte la place de la solidarité familiale. D’après l’enquête européenne SHARE, plus de 80% des personnes dépendantes reçoivent de l’aide de leur entourage proche. Il semble même difficile d’envisager des prises en charge à domicile sans mobilisation familiale, qui peut impliquer des contributions financières, mais repose pour l’essentiel, sur des transferts en nature, hébergement et aide en temps pour les activités de la vie quotidienne. Sensiblement plus adaptable, plus plastique que l’aide professionnelle, l’aide de l’entourage a souvent aussi été présentée comme moins coûteuse pour
‘attention des économistes a donc porté initialement sur la valorisation de l’aide familiale, et sur le risque que la mise en place de services d’aide professionnelle subventionnés ne conduise à une réduction ou une éviction de l’aide familiale. Les politiques de financement de la prise en charge de la dépendance, en modifiant la mobilisation familiale, peuvent affecter l’offre de travail des enfants des personnes dépendantes, posant la question de la professionnalisation de l’aide familiale, de sa rémunération ou de sa reconnaissance par l’octroi de droits sociaux. La compensation financière de la production familiale d’aide aux personnes âgées dépendantes est aujourd’hui possible dans divers pays, notamment en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Si l’analyse économique permet de souligner certains enjeux, elle reste probablement très secondaire devant les dimensions anthropologique et juridique du problème, dès lors qu’on touche à la définition même de la relation de parenté et de la relation de travail. Le débat autour de la compensation de l’aide familiale a le mérite d’attirer l’attention sur les conséquences distributives de la solidarité familiale, dimension peu explorée par les économistes mais pourtant majeure, selon Agnès Gramain.
Fondation du risque. La dépendance : que sait-on vraiment ? Actes du colloque du 4 décembre 2008. Mars 2009.