Peptide bêta-amyloïde: une fonction antimicrobienne ancestrale ?

Échos d'ailleurs

Date de rédaction :
01 mai 2009

Le peptide bêta-amyloïde a été découvert il y a vingt-cinq ans. S’il est si toxique, pourquoi a-t-il été conservé au cours de l’évolution ? Cette question a été discutée à la neuvième conférence internationale de Prague sur la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, en mars 2009. Robert Moir, de l’unité de recherche en génétique du vieillissement du Massachusetts General Hospital de Charlestown (Etats-Unis), défend l’idée qu’il pourrait s’agir d’un archétype de protéine à activité antibactérienne, que l’on connaît chez l’homme. Ainsi, la cathélicidine (LL37), présente dans les globules blancs (leucocytes et macrophages), tue les bactéries, les virus, les cellules infectées par les virus, certaines cellules cancéreuses et attaque les mitochondries des parasites. Quel rapport avec le peptide bêta-amyloïde ? Selon Robert Moir, les deux protéines ont de nombreux points communs : ce sont de petites protéines (peptides), pro-inflammatoires. Elles forment des fibres amyloïdes, s’agrègent en présence de membranes, et sont associées à des lésions en plaques (plaque d’athérosclérose pour la protéine LL37). Leurs formes toxiques les plus puissantes sont des oligomères. Elles sont résistantes aux protéases, se lient aux apolipoprotéines et activent le système immunitaire inné. Le peptide bêta-amyloïde est-il capable de tuer des microbes ? Oui : il est actif contre de nombreux pathogènes de l’homme : les staphylocoques, Listeria monocytogenes, Helicobacter pylori, Chlamydia pneumoniae, Candida albicans…, à des doses comparables à celles de la protéine LL37 des globules blancs. Le chercheur formule l’hypothèse que ces protéines sont impliquées dans une forme archaïque d’immunité, que l’on connaît par exemple chez les crustacés ou les araignées : elles forment des dépôts cristallins autour des agents infectieux, qu’elles piègent, puis ces dépôts détruisent la membrane des microbes. Y aurait-il les restes d’un agent infectieux dans chaque plaque amyloïde ?

www.alzforum.org, 1er avril 2009.