Activités inter-générationnelles : l'apprentissage émotionnel (1)
Échos d'ailleurs
Le lycée Bowen Environmental Studies Team (BEST) est l’un des établissements les plus difficiles de Chicago (Illinois, Etats-Unis) : 7% des élèves y réussissent les tests de compétence de l’Etat, et plus de 95% vivent dans la pauvreté. Cinq adolescents ont été tués l’an dernier dans ce quartier ravagé par les gangs. Onze élèves participent à un programme scolaire de douze semaines intitulé Memory Bridge. Chaque élève rencontre une personne âgée atteinte de démence. Pourquoi faire se rencontrer deux groupes aussi disparates ? L’objectif est de développer l’empathie des adolescents qu’ils n’osent manifester, et de faire participer les personnes malades de façon inattendue. Chaque élève dispose d’une courte biographie de son partenaire (buddy). August, qui rêve de devenir chirurgienne, serre la main d’Eva, quatre-vingt-trois ans, et lui demande si elle a des enfants. « Puis-je deviner leurs noms ? », demande August. Puis elle récite les noms des quatre enfants d’Eva, qu’elle a mémorisés. « Comment as-tu fait cela ? », demande Eva, stupéfaite. Le visage d’August s’épanouit en un large sourire. « Dans quelle classe suis-je »? interrompt un des résidents. « Au jardin d’enfants ! ». Tous rient. Un autre résident crie son nom. Une résidente chante. August est intriguée par sa nouvelle amie, et fière. Elle a appris qu’elle a fréquenté la même école qu’elle, et qu’elle a survécu à l’Holocauste.
Chicago Tribune, 14 avril 2010.