Démence et solitude

Échos d'ailleurs

Date de rédaction :
01 juin 2010

Aux Etats-Unis, environ une personne démente sur quatre vit seule. Quels sont les facteurs cognitifs et fonctionnels ayant une influence sur la détection des déficits ? L’équipe du Professeur Peter Rabins, du service de psychiatrie et des sciences du comportement de l’Université Johns Hopkins de Baltimore (Maryland, Etats-Unis), a mené une étude auprès de trois cent cinquante personnes atteintes de démence vivant à domicile. En complément du test MMSE (mini-mental state examination), administré par des professionnels, les chercheurs ont demandé aux personnes malades d’évaluer leur propre statut cognitif, et à leurs personnes référentes (knowledgeable informants) d’évaluer l’état de santé mentale et les niveaux de déficit cognitif et fonctionnel. Par rapport aux personnes démentes vivant avec d’autres personnes, les personnes démentes vivant seules (27.8%) présentaient significativement moins de déficits fonctionnels pour les activités de la vie quotidienne (ADL). Les médecins généralistes et les personnes de référence ont des difficultés à détecter les troubles cognitifs chez les personnes démentes vivant seules. Quant aux personnes malades, elles sont 77.3% à estimer que leurs capacités cognitives sont « bonnes » ou « un peu moins bonnes ». On n’observe aucune différence entre les groupes quant à la fréquence des psychoses ou de la dépression. Ce manque de conscience du déficit cognitif par les personnes démentes vivant seules, par leurs personnes référentes ou par les médecins généralistes, associé à un déficit fonctionnel et des symptômes psychiatriques, augmente le risque de complications. Pour les auteurs, ces résultats soulignent le besoin d’améliorer la détection ciblée de la démence et de déficit fonctionnel chez les personnes âgées vivant seules.

Int Psychogeriatr. Lehmann SW et al. Living alone with dementia : lack of awareness adds to functional and cognitive vulnerabilities. Mai 2010.