Le rire et l’humour comme traitement non médicamenteux Juillet 2010

Échos d'ailleurs

Date de rédaction :
01 juillet 2010

Selon Masatoshi Takeda et ses collègues, du service de psychiatrie de l’Université d’Osaka (Japon), les interventions non médicamenteuses restent quant à elles encore mal définies, certaines d’entre elles étant simplement fondées sur la légende ou la croyance, alors que d’autres sont employées par tradition sans aucun fondement scientifique. Le rire occupe une position unique parmi les traitements non médicamenteux : il exprime un message de sécurité vers les autres. Le rire et le sourire peuvent être classés en trois catégories, associées à un relâchement de la tension, à des sentiments agréables et à la communication sociale. La capacité à rire et à sourire diminue au fil du temps chez la plupart des personnes atteintes de démence ; le rire associé à la communication sociale est perdu au début de la maladie, mais le rire en réponse au relâchement de la tension est préservé jusqu’aux stades avancés de la maladie : lorsque la tension physique ou mentale est relâchée, les personnes atteintes de démence sourient toujours. Le rire associé aux sentiments agréables peut être subdivisé en quatre types : la satisfaction des besoins instinctifs, la réponse aux attentes, un sentiment de supériorité et la reconnaissance des éléments mélangés (mix-ups). Plusieurs structures anatomiques sont impliquées, activées par trois circuits majeurs : les zones cognitives, telles que des sections du lobe frontal qui aident une personne à comprendre la situation, une zone motrice qui déclenche les mouvements musculaires, et une composante émotionnelle, probablement liée au noyau accumbens, qui active la perception de bonheur (happiness) après une expérience amusante. Quant à l’humour, un mécanisme de défense pour faire face aux problèmes et éviter une émotion négative, il permet de prendre de la distance, de cadrer les problèmes en les mettant en perspective et de gérer le stress de façon proactive. Au plan physiologique, L’appréciation de l’humour nécessite un grand nombre de circuits neuronaux, impliqués dans l’attention, la mémoire de travail, la flexibilité de la pensée, l’extraction du sens des mots, et l’humeur positive. Les personnes présentant des lésions au niveau du lobe frontal droit ont des difficultés à apprécier l’humour, n’arrivant pas à intégrer la cognition et l’émotion. Si l’humour est potentiellement présent dans toute situation sociale, ce qui est perçu comme amusant est hautement variable selon les individus, les sociétés et les cultures. Si chacun aime rire, un commentaire humoristique déplacé peut offenser : en d’autres termes, si le rire a presque toujours un effet positif, l’humour peut provoquer des réponses émotionnelles mixtes.

BMC Complementary and Alternative Medicine. Takeda M et al. Laughter and humor as complementary and alternative medicines to dementia patients. 18 juin 2010.