Troubles cognitifs et prise en charge des maladies cardiovasculaires et du diabète

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Date de rédaction :
01 octobre 2009

Il existe peu de travaux concernant la façon dont les co-morbidités cardio-vasculaires sont prises en charge chez les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. Cédric Campion, du service de médecine gériatrique de Roubaix, et le pôle de gérontologie du CHRU de Lille, ont mené une étude portant sur deux cent vingt-et-une personnes âgées en moyenne de 84.2 ans. 74.2% de ces personnes présentaient un trouble cognitif ; on observe chez ces personnes une prévalence significativement plus élevée de cinq pathologies prises ensemble : diabète, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral, fibrillation auriculaire, cardiopathie ischémique. Comment expliquer ce défaut de prise en charge ? Pour les auteurs, certaines raisons sont liées au comportement de la personne ou de son entourage : les personnes âgées consultent fréquemment leur généraliste, mais moins les spécialistes, ce qui conduit à une moindre prescription des traitements de référence. La qualité de l’observance ne semble pas liée à l’âge, mais à la complexité du traitement (polymédication). Les troubles cognitifs et du comportement compromettent chez les personnes malades la régularité de prise. Un manque de coopération lors de l’examen clinique, les difficultés de l’interrogatoire et la sémiologie atypique rendent le diagnostic difficile. D’autres raisons sont liées à l’attitude des médecins : en raison du risque iatrogène, certains médecins se refusent à prescrire certains médicaments, craignant de faire plus de mal que de bien. Les auteurs ajoutent : « on ne peut ignorer aussi que le terme de « démence » est empreint d’une connotation péjorative, même dans le milieu médical. Il est volontiers associé dans l’esprit des gens non seulement aux troubles du comportement (irritabilité, déambulation, agressivité, réactions imprévisibles…) mais aussi à la dépendance, voire à la déchéance. Cet amalgame est préjudiciable au patient dément, qui peut se voir refuser, par exemple, l’entrée de certains services hospitaliers (réanimation, soins intensifs…), alors qu’une personne atteinte de troubles cognitifs, mais non diagnostiquée comme telle, aurait eu probablement moins de difficultés à y être admise et à bénéficier d’une prise en charge optimale.

La Revue de Gériatrie. Campion C et al. Troubles cognitifs et prise en charge des maladies cardiovasculaires et du diabète. Septembre 2009.