Conduite automobile : quels risques ? (1)

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Date de rédaction :
01 novembre 2009

Conseiller la poursuite ou l’arrêt de la conduite automobile à une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est une question difficile. Selon le Professeur Bernard Laurent, chef de service de neurologie du CHU de Saint-Etienne et Sylviane Lafont, de l’INRETS (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité), il existe deux grands processus cognitifs impliqués dans la conduite : la détection de l’information (sous-tendue par différents processus attentionnels, notamment l’attention soutenue, sélective, la capacité à traiter une double tâche et à inhiber une activité routinière), la sélection des réponses (sous-tendue par les fonctions exécutives et en priorité la planification, la flexibilité, la gestion des conflits, l’inhibition), et un paramètre général : la vitesse de traitement. Tous ces facteurs sont modifiés dans la maladie d’Alzheimer, dès les stades précoces. La plupart des études montrent qu’en moyenne les personnes atteintes de troubles cognitifs ont de moins bonnes performances en situation réelle de conduite ou sur simulateur. Toutefois, beaucoup soulignent l’hétérogénéité des performances de conduite chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées : il n’est donc pas pertinent de se contenter d’un diagnostic positif pour interrompre la conduite. Un risque supplémentaire d’accident en présence d’une démence est observé dans la plupart des études. Les mesures de fonctionnement global (tests MMSE, Blessed, Cogstat) sont significativement associées à la performance de la conduite. Les mesures visuo-perceptives (tests de discrimination visuelle ou de perception de mouvements) sont parfois associées à la performance de conduite. Les résultats sont controversés concernant les mesures visuo-spatiales. La vitesse de traitement n’est pas systématiquement associée à la performance de conduite. Les mesures visuo-constructives (figure de Rey, arrangement de blocs) sont très explorées et très souvent associées à la performance de la conduite. Les processus mis en jeu dans ces tests (en particulier la planification) relèvent en partie des fonctions exécutives. Les mesures attentionnelles et exécutives sont également très pertinentes, selon les chercheurs. L’attention visuelle (et la mémoire de travail) évaluée notamment avec le code de la route, est une fonction dont l’intégrité semble primordiale. L’attention sélective et l’attention divisée (tests de barrage) sont également de bons indicateurs. Une importante donnée est la prise de conscience fréquente des difficultés attentionnelles et exécutives, et de leurs répercussions sur la conduite. Selon les chercheurs, il n’est pas rare qu’une personne malade souhaite diminuer ou arrêter la conduite et qu’elle soit encouragée par un tiers à la poursuivre.

www.neuroscoop.net, 4 novembre 2009.