La maladie d'Alzheimer : un « mythe » ? (2)

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Date de rédaction :
01 janvier 2010

Guerre des écoles ? Les thèses de Peter Whitehouse constituent un point de vue minoritaire, dérangeant, mais qui gagne du terrain dans des revues scientifiques de renom. Ainsi, M Fotuhi du centre mémoire de l’Institut Berman à Baltimore, Vladimir Hachinski et Peter Whitehouse de l’Université Case Western Reserve de Cleveland (Ohio, Etats-Unis) publient dans Nature un article sur le changement de perspective sur la démence en fin de vie : l’atrophie du cortex et de l’hippocampe, considérés aujourd’hui comme les meilleurs déterminants du déclin cognitif au cours du vieillissement, résulte d’une association de la pathologie Alzheimer, de l’inflammation, des corps de Lewy, de lésions vasculaires. Une « constellation spécifique » de facteurs génétiques et environnementaux (dont le génotype lié à l’apolipoprotéine E, le diabète, l’hypertension, les traumatismes crâniens, des maladies chroniques systémiques, et l’apnée obstructive du sommeil) contribue à l’atrophie cérébrale et à la démence dans la dernière partie de la vie, selon un schéma propre à chaque individu. Selon les auteurs, seule une faible proportion des personnes âgées de quatre-vingts ans et plus présentent une forme « pure » de la maladie d’Alzheimer ou de démence vasculaire : les examens anatomopathologiques post-mortem montrent que le cerveau de la majorité des personnes ayant reçu un diagnostic de démence présente en effet les signes d’une pathologie mixte : des lésions jugées caractéristiques de la maladie d’Alzheimer (plaques amyloïdes, dégénérescences neurofibrillaires) et lésions vasculaires. Élément plus perturbant encore, des modifications cérébrales jugées typiques d’une « démence » déterminée, telles les plaques amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer, se retrouvent également chez nombre de sujets n’ayant aucun signe de détérioration cognitive.
L’hypothèse est présentée sous la forme d’un « polygone dynamique » des pathologies sous-jacentes, à considérer pour la conception des essais cliniques : en effet, un médicament donné n’aura pas le même effet chez toutes les personnes atteintes de démence.

Le mythe de la maladie d’Alzheimer : ce qu’on ne vous dit pas sur ce diagnostic tant redouté. Peter J. Whitehouse et Daniel George, traduction française d’Anne-Claude Juillerat et Martial van der Linden. Editions Solal. www.le-cercle-psy.fr, 6 janvier 2010. Athena, Janvier 2010. Nat Rev Neurol. Fotuhi M et al. Changing perspectives regarding late-life dementia. Décembre 2009. JAMA. Hachinski V. Shifts in thinking about dementia. 12 novembre 2009. Neurology. Fotuhi M et al. Factors associated with resistance to dementia despite high Alzheimer disease pathology. 10 novembre 2009. Neurology. Kivipelto M, Solomon A. Preventive neurology: on the way from knowledge to action. Juillet 2009. Lancet. Whitehouse PJ et George D. Banking on stories for healthier cognitive ageing. 4 avril 2009.